Le 5e rapport d’EPI-PHARE sur les médicaments prescrits et délivrés depuis le début de l’épidémie de Covid-19 confirme la hausse continue, bien que modérée, de la consommation d’anxiolytiques, hypnotiques et antidépresseurs. Une augmentation « probablement liée à l’impact psychologique important de l’épidémie et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques ».
Cette étude pharmaco-épidémiologique, menée par EPI-PHARE qui réunit des équipes de l’assurance-maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), pointe une consommation modérément accrue des « médicaments des troubles mentaux » depuis le début de l’épidémie. Près d’1,7 million de délivrances d’anxiolytiques, 676 000 d’hypnotiques et 400 000 d’antidépresseurs de plus qu’attendu ont été enregistrées au cours des huit derniers mois. Une hausse comprise entre 5 % et 8 % dès lors que le second confinement se met en place. La délivrance d’anxiolytiques entre le 26 octobre et le 8 novembre était ainsi de 5,9 % supérieure au niveau attendu, puis de 7,6 % supérieure la semaine suivante. La délivrance d’hypnotiques suit la même courbe avec un taux de 5,1 %, puis de 6,7 % les deux premières semaines du reconfinement. La hausse est moins marquée sur cette période pour les antidépresseurs : +1,4 % et +3,3 %. Ces classes de médicaments ont tous connu un « phénomène de stockage » puis de « sous-consommation » lors du premier confinement, mais leur délivrance a ensuite quasiment toujours été supérieure au niveau attendu.
Outre ce focus, EPI-PHARE constate qu’il n’y a pas de baisse notable de la délivrance des médicaments pour les pathologies chroniques déjà prises en charge, « probablement parce qu’il était donné aux patients la possibilité d’utiliser des ordonnances périmées tant pendant le premier que le second confinement, et aussi grâce au recours à la téléconsultation ». En revanche, les initiations de traitements chroniques dans quelques classes thérapeutiques affichent un déficit : anticoagulants, antihypertenseurs, antidiabétiques, traitements de dépendance à l’alcool. EPI-PHARE observe des baisses d’utilisation « plus massives » pour les antibiotiques (-17,4 %), les AINS (-23,4 %), les corticoïdes oraux (-31,7 %), les substituts nicotiniques (-25,2 %) et dans une moindre mesure pour les IPP, ainsi que la « très forte diminution de la délivrance et de l'utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé comme les vaccins et les produits pour les actes diagnostiques médicaux ».
Globalement, l’étude souligne que les mesures de la 2e vague, moins strictes que lors de la 1e vague, ont eu un impact moins marqué sur la prescription et la délivrance de médicaments. Par exemple, il n’y a pas eu de phénomène de stockage de traitements chroniques.
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