Le Quotidien du pharmacien.- L'ANSM vient d'assouplir les conditions de participation à l'expérimentation. Ces modifications, quelques mois après le début du test, étaient-elles prévues ?
Nathalie Richard.- Oui, tout à fait. Il était convenu dès le départ que cette expérimentation serait menée en lien avec les acteurs y participant. C'est ainsi que tous les mois, un comité de l’ANSM réunissant médecins, pharmaciens et patients nous fait part des retours de terrain avec les difficultés rencontrées et des propositions d’amélioration, voire des simplifications, à apporter au dispositif. De plus, le registre de suivi, créé à cet effet au sein de l'ANSM, permet également de suivre au jour le jour les inclusions… Sans compter que nous sommes quotidiennement en contact par mail avec les participants. Nous avons organisé également un Webinaire pour échanger directement avec les professionnels de santé et les pharmaciens.
Cela nous a amenés à modifier les conditions d'accès pour les patients en situation palliatives : le cannabis médical est désormais ouvert aux patients en situation palliative avancée et sous chimiothérapie, avec l'accord de l'oncologue.
Pourriez-vous revenir sur les raisons de cette décision ?
Jusqu'à présent, l’association d’une chimiothérapie anticancéreuse avec le cannabis médical était exclue car des interactions médicamenteuses étaient possibles et pouvaient induire une perte de chance pour les patients. Nous avons chargé un groupe de pharmacologues de déterminer un à un les anticancéreux pouvant être associés à un traitement par cannabis médical. Sous réserve, bien entendu, que l'état général du patient lui permette de supporter ce traitement.
Aujourd'hui, sur les 1 035 professionnels de santé formés, 212 sont des officinaux suivant au moins un patient. En quoi cet accompagnement par des pharmaciens de ville est-il spécifique ?
Dès le début de l'expérimentation, 50 pharmaciens d'officine ont été inclus au pool de pharmaciens pouvant délivrer le cannabis médical, en plus des pharmacies hospitalières, ce qui permettait une couverture géographique homogène. Le processus général est qu'un pharmacien entre dans l'expérimentation uniquement s'il est désigné par un patient. L’implication des pharmaciens est très importante puisqu'il s'agit généralement de patients très lourds qui se sentiront en confiance auprès d'un pharmacien qui les connaît depuis longtemps. De plus, il sera plus facile d'échanger dans la proximité.
De manière générale, nous sommes très satisfaits de l'implication des pharmaciens d'officine dans l'expérimentation. Ils font preuve de beaucoup d’intérêt pour ce projet novateur où leur rôle de dispensation et de soutien au patient est bien dans leur cœur de métier et correspond à une approche de pharmacie clinique. Au Canada, par exemple, les officinaux jouent un rôle clé dans le suivi des patients sous cannabis thérapeutique. Cette expérimentation fait par ailleurs appel à d'autres facettes du métier de pharmacien, notamment en matière de pharmacovigilance et d'addictovigilance.
Outre les huiles administrées par voie orale, le cannabis thérapeutique peut désormais être également dispensé sous forme de sommités fleuries à vaporiser pour inhalation. Une galénique qui requiert une nouvelle intervention du pharmacien.
À l’heure actuelle, plus de 80 patients bénéficient déjà de ce traitement, instauré en complément du traitement oral dans les accès paroxystiques des douleurs par exemple. L'inhalation des sommités fleuries n'est en revanche pas indiquée dans l'épilepsie.
L'initiation de ce traitement passe effectivement par le pharmacien, d'officine ou de PUI, qui délivre le vaporisateur commandé directement auprès du fournisseur retenu après notre appel d'offres. L'expérimentateur informe le patient ou un proche des modalités d'utilisation.
Dépistage à l’officine
Tout le monde en pince pour les TROD
DPGS
Pharmabest
Vers un nouveau rapport de force avec les laboratoires ?