Confronté à la détresse de ses patients insuffisants respiratoires, un titulaire du Cantal entame aujourd’hui son quatrième jour de grève de la faim pour dénoncer à la fois la désertification médicale et l’inflexibilité de la CPAM et de la MSA.
Depuis mardi, Fabrice Mathieu, titulaire à Neuvéglise-sur-Truyère (Cantal), a cessé de s’alimenter. Cette décision est son ultime recours pour se faire entendre sur la situation inextricable dans laquelle il est obligé d’exercer. « On me considère comme un bandit, alors que j’essaie juste d’assurer la continuité des soins », s’insurge-t-il, dénonçant les obstructions administratives de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) et de la Mutuelle sociale agricole (MSA) à son égard.
Ce pharmacien - dont une quinzaine de patients sont traités en pression positive continue (PPC), en oxygénothérapie ou sont sous ventilation - est pris en étau. D’un côté, une désertification médicale « avec 1,5 pneumologue pour tout le département du Cantal* » et, comme il le décrit, « un délai moyen de six mois pour obtenir un rendez-vous, même dans un département voisin ». De l’autre côté, une CPAM et une MSA qui ne tiennent pas compte de cette situation et refusent régulièrement la prise en charge dès lors qu’une ordonnance est expirée, poursuit l’officinal. « Je voudrais qu’on me fasse confiance. D’autant plus quand un protocole de soins est signé par le patient ! », lance-t-il. Fabrice Mathieu cite ainsi l’exemple d’une patiente polymédiquée, sous assistance respiratoire, diabétique, souffrant d’artérite et amputée au moment du renouvellement de son ordonnance. « Devais-je la désappareiller au prétexte que son ordonnance est périmée ? », s'exclame-t-il à l'adresse des organismes payeurs.
Selon lui, ni l’intervention du médecin généraliste, ni même l’aval du médecin-conseil n’ont eu raison de la rigidité administrative. En dépit de ses demandes, Fabrice Mathieu n'a reçu ni de la CPAM, ni de la MSA des indications sur la conduite à tenir. « Je veux juste soigner mes patients. Si je n’ai rien compris au métier que j’exerce depuis 23 ans, qu’on me le dise ! », interpelle-t-il. Le confrère ne décolère pas et il est bien décidé à poursuivre son action, « quoi qu’il en coûte ».
*2 praticiens pour 146 6 182 habitants, selon les chiffres de l'URPS Médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, 2018.
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