Avec une progression de leur marge brute globale de 10 % en moyenne (entre 12 et 9 % selon les cabinets comptables), les pharmacies ont engrangé environ 641 000 euros, soit 60 000 euros de plus qu'en 2020. Certes, cette rémunération officinale, qui inclut la marge commerciale, les ROSP, les contrats de coopération, ainsi que les honoraires, comprend aussi les prestations de services et les missions Covid (tests antigéniques et vaccination).
Rien d'étonnant à cela puisque la marge brute suit mécaniquement la hausse de l'activité officinale (voir page 18). « TAG et vaccination, soit les activités à TVA de taux 0, constituent le gros de la marge, soit environ 40 000 euros », note de son côté Joël Lecoeur (CGP), concluant « l’effet Covid est le marqueur de cette année exceptionnelle ».
En effet, 2021 restera un cru exceptionnel. Car, comme le souligne Emmanuel Leroy (KPMG) , même retraitée, c’est-à-dire une fois les missions Covid retranchées, la marge progresse de 4 %. « Il s'agit là également d'une évolution bien supérieure à ce qu'on observait les années précédentes, où les hausses étaient au maximum de 2,5 % ! » Ce phénomène est assurément à mettre en corrélation avec une augmentation de la fréquentation des officines, tests antigéniques et vaccination obligent !
Un écart type important
Les experts-comptables le répètent d'année en année, l'élément essentiel en termes de marge est le volume. Le taux de marge, quant à lui, reste linéaire, à environ 32 %. En revanche, soulignent les analystes, les différenciations de taux de marge en fonction du positionnement de l'officine tendent à se gommer. Là où autrefois certaines typologies de pharmacies étaient à la peine, un rattrapage s'est opéré. La raison première, selon Joël Lecoeur, est la mise en place des honoraires de dispensation qui ont permis aux officines des zones rurales d'améliorer leur taux de marge et d'atteindre le niveau des pharmacies des centres commerciaux où la part de médicaments est plus faible.
Comme pour le chiffre d'affaires, une importante dispersion apparaît dans le réseau officinal. « Il existe un écart type important entre les pharmacies les plus performantes et les pharmacies les plus en difficultés », observe Emmanuel Leroy. De fait, une officine sur dix enregistre un taux de marge de 35,7 %, tandis qu'à l'autre bout de l'échelle une officine sur dix parvient péniblement à un taux de marge de 28,4 %. Il n'empêche, la moitié des officines ont un taux de marge inférieur à la moyenne. Parmi elle, sans doute un grand nombre de pharmacies qui auront subi une évolution négative de leur chiffre d'affaires. On ne peut s'empêcher une nouvelle fois de s'interroger sur la capacité de cette partie du réseau officinal à mettre en place les nouvelles missions Covid. « La rémunération à taux de TVA 0 % se situe entre 60 000 et 50 000 euros, dont 40 000 euros résultant exclusivement des tests antigéniques et de la vaccination », rappelle Emmanuel Leroy. Le réseau CGP est encore plus restrictif « sans les tests antigéniques, la marge brute officinale n'aurait progressé que de 5 000 euros ».
Face à ce constat, tout l'enjeu des pharmacies sera désormais de convertir ces activités liées à la crise sanitaire en nouvelles missions afin de maintenir leur niveau de rémunération.
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