« Gérer les ruptures, cela nous prend 12 heures par semaine », déplorait Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des pharmaciens d'officine (USPO) dans le courant du mois de janvier. Cet hiver, en France, le problème des ruptures de stock de médicaments a été très médiatisé, parce qu'il a concerné des médicaments essentiels pour traiter les maux de l'hiver, alors que la grippe saisonnière et la bronchiolite ont été particulièrement virulentes.
Face à des parents désemparés, qui ne comprennent pas pourquoi des médicaments aussi courants viennent à manquer, le pharmacien doit consacrer un temps infini à s'expliquer et à trouver des solutions de remplacement. « Les pharmaciens d’officine ne sont plus en mesure d’assurer pleinement leurs missions de santé publique au service de la population et de faire face à une situation épidémique hivernale particulièrement intense conjuguant simultanément trois pathologies (grippe, bronchiolite et covid) », déploraient l'Ordre des pharmaciens et les syndicats représentatifs de la profession dans un communiqué commun publié le 19 janvier. Au cœur de l'hiver, jusqu'à 70 % des officines ont par exemple été en pénurie d’amoxicilline pédiatrique, selon l'USPO.
Les pharmaciens européens perdent 6 h 40 par semaine à cause des ruptures
Selon une enquête du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE), menée dans 29 pays de l'UE entre le 14 novembre et le 31 décembre 2022, les équipes officinales passaient en moyenne 6 heures et 40 minutes par semaine à gérer les ruptures de stock et à trouver des solutions alternatives. « Un temps qui pourrait être consacré à réaliser d'autres tâches visant à améliorer la qualité des soins », souligne l'enquête du GPUE. À titre de comparaison, la moyenne s'élevait à 5,3 heures en 2021. En 2022, des écarts extrêmement importants sont toutefois observés selon les pays, le temps moyen passé à gérer les ruptures va en effet de 2 heures par semaine pour certaines officines à… 20 heures pour d'autres.
Toujours selon cette consultation, 100 % des officines interrogées ont dû faire face à des ruptures au cours des 12 derniers mois. Sur les 29 pays évalués, 22 estiment que la situation a empiré en 2022 par rapport à l'année précédente. Pour la quasi-totalité d'entre eux (97 %), la principale conséquence de ce problème sur les pharmacies est « une perte financière due au temps passé à atténuer les effets de ces ruptures ». Autres effets néfastes pour les officines : elles diminuent le sentiment de satisfaction des équipes officinales, nuisent à la confiance des patients et entraînent une surcharge de travail administratif.
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