L'année dernière, l'inquiétude primait chez les pharmaciens de montagne. L'épidémie de Covid, qui avait épuisé le personnel et entraîné l'effondrement du tourisme, avait complètement tué la saison 2020-2021. Si la saison 2021-2022 fut moins sombre qu'anticipée, elle est restée particulièrement difficile pour les pharmacies de montagne.
Plus que la fermeture des stations de ski, c'est en effet la difficulté à recruter des saisonniers pour couvrir les besoins en dépistage et effectuer les nouvelles missions qui avait porté un coup aux pharmacies de montagne.
Un lointain souvenir désormais. « Les problèmes de recrutement de l’année dernière, s'ils n'ont pas disparu, ont largement diminué », affirme Benjamin Castex, titulaire à la grande pharmacie de Morzine (Haute-Savoie) et président de l’association des pharmacies de montagne. « Les conditions de travail se sont améliorées. Les tests Covid ne sont quasiment plus présents, nous sommes revenus sur une activité classique », témoigne-t-il.
La question du climat
Même son de cloche chez une pharmacienne près de Chamonix (Haute-Savoie) : « Nous avons retrouvé notre clientèle habituelle, et ça fait plaisir ! Toutefois, je reste un peu inquiète pour le futur. Avec le changement climatique, certains confrères moins bien situés auront plus de mal. Nous vivons avec la saisonnalité, et ce sera difficile de nous reposer sur les locaux. »
Les pharmacies de montagne, qui font près de 70 % de leurs bénéfices sur les 4 mois de la saison d'hiver, sont très vulnérables. « C'est aux collectivités et aux stations de se préparer au changement climatique. Si elles ne s'adaptent pas, nous ne pouvons rien faire », rappelle Benjamin Castex.
Une activité florissante confrontée aux problèmes de stocks
Les pharmaciens et pharmaciennes de montagnes ne sont évidemment pas épargnés par les difficultés rencontrées par leurs confrères citadins. « L'activité est très bonne et l'ambiance beaucoup plus saine, se félicite un confrère dans le Jura, mais nous sommes maintenant rattrapés par les problèmes de ruptures de stock. » Cortisone, anti-inflammatoires, Lévothyrox sont particulièrement demandés. « Les labos et les grossistes communiquent et nous envoient régulièrement de quoi nous dépanner, mais rarement plus de quelques jours. La logique de consommation de médicaments n'est pas la même en ville et en montagne », regrette Benjamin Castex.
Malgré ce petit point noir, les pharmaciens interrogés par « Le Quotidien » restent très positifs et voient l'avenir d'un œil globalement optimiste. Cette année, comme le chantait Jean Ferrat, la montagne est belle.
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