À quelques mois du début des négociations avec l'assurance-maladie sur le volet économique de la convention pharmaceutique, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) annonce son objectif : permettre à toutes les officines du réseau officinal de disposer des moyens financiers et humains pour remplir leurs missions.
C'est un scenario d'anticipation qu'a présenté ce midi, l'USPO. Son président, Pierre-Olivier Variot, a levé le voile sur la stratégie de son syndicat qui négociera, ainsi que la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le volet économique de la convention pharmaceutique signée l'année dernière, le 9 mars 2022. Cette stratégie se résume à deux axes, soit deux enveloppes. L'une pour compenser l'inflation présente et à venir à l'horizon 2025, l'autre pour rémunérer la multitude d'actes que réalisent aujourd'hui les pharmaciens sans pour autant en être gratifiés.
« Nous allons établir une stratégie gagnante pour l'ensemble du réseau officinal, à l'exemple de ce que nous avons fait avec la signature de l'avenant 11 », a-t-il annoncé, rappelant que les 200 officines perdantes ont pu bénéficier de la clause de sauvegarde négociée à l'époque avec l'assurance-maladie.
Aujourd'hui, dans cette période post-pandémique, la donne a changé. Il s'agit désormais d'appréhender une activité officinale avec une composante Covid, « divisée par 11 », comme l'indique Guillaume Racle, conseiller économie et offre de santé de l'USPO, et une inflation qui devrait perdurer dans les trois prochaines années. Sans compter que la gestion de la crise sanitaire a surajouté de nouveaux coûts : 6 % d'augmentation salariale et 12 % de hausse de la masse salariale, liée aux embauches. « Nous allons donc négocier une enveloppe correspondant à l'investissement de l'État pour maintenir la rentabilité des officines et les salaires des équipes, alors même que les honoraires n'ont pas été revalorisés par rapport à l'inflation », explique Guillaume Râcle. Il reste donc quelques semaines à l'USPO pour quantifier cette enveloppe à partir du cœur du métier du pharmacien, actes et honoraires. Un travail d'horloger attend cependant le syndicat car il n'est pas question d'appliquer le même taux de revalorisation à tous les honoraires. « Le réseau officinal doit rester le plus homogène possible », déclare Pierre-Olivier Variot.
La stratégie du syndicat comprend un second volet, une enveloppe destinée à rémunérer « un tas d'actes cachés ». D'ailleurs, rappelle Sébastien Lagoutte, co-président USPO 71, membre du bureau et du groupe de travail économie de l'USPO, cette enveloppe négociée en 2012 pour financer les nouvelles missions n'est pas totalement utilisée à ce jour. Le syndicat entend donc « flécher » plusieurs missions et actes aujourd'hui non rémunérés ainsi que d'autres à venir. Cette enveloppe recouvrira ainsi la rémunération des TROD prévus par la loi Rist, les soins non programmés - à déconnecter absolument de l'exercice coordonné - et le renouvellement des ordonnances jusqu'à trois mois après l'échéance de l'ordonnance. Ou encore les IP (interventions pharmaceutiques) aujourd'hui nombreuses dans le contexte de pénuries. Non tracées, elles pourront être plus facilement identifiées avec l'avènement de l'ordonnance électronique.
« Nous allons poursuivre la révolution du métier que nous envient nos confrères à l'étranger », promet Pierre-Olivier Variot, qui cite quatre dossiers majeurs sur lesquels il entend obtenir des avancées : la redéfinition et la revalorisation des gardes, la PDA, les biosimilaires et la dispensation à domicile. Sur ce dernier point, évoquant les affaires en cours devant les tribunaux qui mettent en cause des structures de livraison des médicaments, il estime que les pharmaciens ont toute légitimité pour effectuer ce service. « Le précédent directeur général de l'assurance-maladie, Nicolas Revel, y était favorable. L'actuel l'est beaucoup moins. Mais nous allons reprendre la discussion. Il n'est pas normal que la dispensation à domicile soit liée au Prado. Pharmaciens et médecins, nous sommes capables de savoir si elle est nécessaire ou non au patient. » La rémunération de 2,50 euros, jugée insuffisante par l'USPO, fera elle aussi l'objet de négociation.
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