Un responsable de l’Agence européenne du médicament (EMA) a validé mardi un lien causal entre la vaccination par AstraZeneca dans le Covid-19 et la survenue de thromboses atypiques et rares. La cause n’est, en revanche, pas encore connue. L’hypothèse d’une injection accidentelle dans une veine au sein du muscle deltoïde fait son chemin en France.
Les autorités sanitaires de plusieurs pays ont rapidement pris position pour pointer un lien causal entre la vaccination par AstraZeneca et la survenue de rares thromboses atypiques. Mais pas l’Agence européenne du médicament (EMA), qui jusqu’alors évoquait un lien « possible mais non prouvé à ce stade ». Ce matin, Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins de l’EMA a levé toute ambiguïté dans une interview au quotidien italien « Il Messaggero ». « Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu’il y a un lien avec le vaccin. Ce qui cause cette réaction, cependant, nous ne le savons pas encore. » Avant d’ajouter : « Parmi les personnes vaccinées, il y a un nombre de cas de thromboses cérébrales chez les personnes jeunes supérieur à ce à quoi nous nous attendrions. »
Plusieurs dizaines de cas ont été rapportés en Europe. Au Royaume-Uni, où la campagne de vaccination a été massive notamment avec le vaccin AstraZeneca, 30 cas ont été rapportés, dont 7 décès, sur 18,2 millions de doses administrées au 24 mars. En France, le dernier bilan de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publié vendredi et arrêté au 25 mars, fait état de 12 cas de thromboses atypiques, soit 3 nouveaux cas depuis la semaine précédente, dont 4 décès, sur un total de 1,9 million d’injections du vaccin d’AstraZeneca. Il s’agit de « thromboses des grosses veines, atypiques par leur localisation (cérébrale en majorité, mais également digestive), pouvant être associés à une thrombopénie ou à des troubles de coagulation », précise-t-elle. L’ANSM a de nouveau confirmé un lien causal avec le vaccin et précise que ces cas « sont survenus dans un délai médian de 9 jours après la vaccination, principalement chez des femmes et sans antécédents communs particuliers identifiés à ce jour (9 personnes vaccinées de moins de 55 ans, 3 personnes de plus de 55 ans) ».
Quant aux hypothèses pour expliquer la cause de ces thromboses atypiques, elles sont multiples. Si des chercheurs allemands et autrichiens ont relevé une ressemblance clinique avec « la thrombopénie induite par l’héparine (TIH) », des homologues norvégiens penchent pour une « puissante réponse immunitaire » déclenchée par le vaccin. En France, le collectif de chercheurs et médecins français « Du côté de la science » estime possible que cette « réaction immunitaire intense » soit due à « l’injection accidentelle du vaccin dans une veine au sein du muscle deltoïde ». Dans un long article étayé, les auteurs concluent : « Un moyen simple de pallier cette hypothétique injection intravasculaire accidentelle pourrait être de vérifier l’absence de retour sanguin lors de la vaccination. » Et ajoutent que, quelle que soit la cause, la balance bénéfice-risque reste largement favorable, ces thromboses survenant dans un cas sur 200 000 « sur la base des données allemandes » alors que « le coût humain d’un échantillon de 1,5 million de personnes infectées du fait d’une non-vaccination serait de 1 500 décès avec une létalité de 0,1 % (1 pour 1 000) ».
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