Pfizer : un blockbuster arrive en ville
Attendue avec impatience par le réseau officinal depuis de longs mois, l'arrivée du Pfizer dans les officines au 1er octobre signe un virage dans la vaccination contre le Covid. Depuis hier, les pharmaciens peuvent commander pour leur propre usage jusqu'à quatre flacons de sept doses. Un moyen supplémentaire pour répondre à la demande des troisièmes doses et aussi, à la nécessité de s'attaquer au résiduel de personnes non vaccinées. Car, vaccin préféré des Français, le Pfizer a déjà été utilisé dans plus de huit vaccinations sur dix. À partir de 2022, des doses prêtes à l’emploi, voire en seringues monodoses, devraient être disponibles avant que cette immunisation contre le Covid soit éventuellement combinée au vaccin contre la grippe, au cours de la campagne vaccinale 2022-2023.
Les livraisons de Pfizer seront assurées par les grossistes-répartiteurs qui attirent l'attention des pouvoirs publics sur les nouvelles tâches que cette distribution va impliquer : suivi minutieux des stocks par température et livraison de dispositifs médicaux supplémentaires (aiguilles, flacons, etc.).
Janssen : davantage d'échecs de vaccination ?
Le vaccin Janssen a pour originalité de s’injecter en une seule dose. Mais c’est peut-être aussi là sa faiblesse, quelques échecs de vaccination ayant été repérés en France : 32 cas d'infection au Covid-19, dont 29 graves et 4 décès, ont été signalés sur le million d'injections réalisées dans notre pays. Toutefois, les patients gravement touchés présentaient « des comorbidités à risque de forme grave », rapporte l'ANSM. Pour les 17 cas d'infection où le variant est connu, il s'agissait à chaque fois du variant Delta. En outre, deux hôpitaux ont rapporté un nombre anormalement élevé de patients vaccinés avec Janssen parmi les gens vaccinés et hospitalisés en réanimation (4 patients sur 7 à Marseille et 3 sur 6 à Tours).
« Tous ces éléments justifient des investigations supplémentaires » pour vérifier si les échecs sont plus importants avec Janssen qu'avec les autres vaccins disponibles en France, indique l'ANSM. Pour le moment, le schéma vaccinal de ce vaccin n'est pas modifié : une seule dose de Janssen suffit pour obtenir le passe sanitaire. Même si, depuis le 24 août, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande que les personnes vaccinées avec Janssen reçoivent une dose de rappel avec un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna) à partir de quatre semaines après leur vaccination.
Valneva, le malchanceux
Valneva, société en partie basée à Nantes, développe un vaccin à virus inactivé contre le Covid-19 encore au stade des essais cliniques. Elle avait néanmoins déjà signé un contrat avec le gouvernement britannique pour livrer 100 millions de doses en cas de résultats positifs. Mais, à la mi-septembre, le gouvernement britannique a résilié ce contrat. Un gros coup dur pour le laboratoire car il s'agissait de sa seule commande pour ce vaccin. Le titre a perdu près de 40 % en bourse depuis cette annonce. Heureusement, du côté européen, les négociations se poursuivent pour des livraisons en 2022. Car plusieurs pays de l'UE, dont la France, comptent sur ce vaccin pour diversifier la couverture vaccinale, selon le ministère de l’Économie.
Et bientôt… le vaccin nasal !
Demain, la vaccination pourrait passer par le nez ! En effet, dans le monde, 8 projets de vaccins nasaux sont en cours… dont trois en France. Outre le fait qu’ils ne s’injectent pas, ces vaccins pourraient éviter la transmission entre individus, en agissant directement sur la muqueuse nasale.
Selon des chercheurs tourangeaux qui développent un tel vaccin, les tests précliniques ont montré des résultats très positifs sur des souris et des hamsters dorés. Après deux administrations par voie nasale, espacées de trois semaines, on obtient une forte réponse immunitaire. De plus, après infection, les animaux ne présentent pas de signes cliniques et ne semblent pas contagieux : aucune charge virale pulmonaire et nasale n'est détectable, à l’inverse des animaux infectés non vaccinés. Ce vaccin, en coupant la contagiosité, pourrait donc aussi servir de rappel dans la population déjà vaccinée afin d'éviter la transmission de la maladie. Optimistes, les chercheurs espèrent des essais sur l'homme en 2022 puis une mise sur le marché en 2023.
Pour une vaccination concomitante grippe et Covid
Dans son avis du 23 août sur l’intérêt d’une dose de rappel vaccinal contre le Covid-19 pour les 65 ans et plus et les personnes à haut risque de Covid, la Haute Autorité de santé (HAS) en a profité pour préconiser d’administrer concomitamment le vaccin grippe à ces populations dès que ce dernier sera disponible. Soit à partir du 26 octobre. En pratique, le ministère de la Santé a indiqué que les patients concernés pourraient retirer leur vaccin grippe à la pharmacie pour se rendre ensuite en centre de vaccination où il leur sera administré en même temps que le rappel de vaccin contre le Covid-19. Ou bien ils pourront plus simplement faire les deux injections concomitantes en ville, par exemple à l’officine.
Les rappels de vaccin Covid ayant commencé depuis le 1er septembre, la HAS demande aux vaccinateurs de rappeler aux populations éligibles de ne pas oublier de se faire vacciner contre la grippe. Dans le cas où les injections ne sont pas réalisées simultanément, il est recommandé de respecter un écart de 15 jours entre les deux. Mais le ministère attend une actualisation imminente de cette préconisation : cet intervalle pourrait ne pas être nécessaire.
Centres de vaccination : les libéraux prêts à reprendre la main
Salles des fêtes et autres bâtiments publics convertis en centres de vaccination éphémères vont pouvoir recouvrer leur vocation première à la fin de l'automne, ou au plus tard en février ou mars 2022. « Les ARS adapteront l’offre à la situation locale », déclare le ministère qui a envisagé deux scénarios, selon que les 18 millions de personnes concernées par la troisième dose se font vacciner en centres ou que les professionnels de santé de ville prennent le relais. Tout dépend de la capacité de ceux-ci à absorber 320 000 ou 750 000 vaccinations par semaine. Un défi que les médecins et les pharmaciens sont prêts à relever, pourvu qu'ils disposent des doses nécessaires, tout reposant désormais sur une bonne logistique du vaccin Pfizer.
Dans ces conditions, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) affirme même que le réseau officinal serait à lui seul en mesure d’administrer 750 000 doses par semaine : « Cela revient à 10 vaccinations par jour et par pharmacie. Si nous avons le vaccin Pfizer, nous pourrons le faire ! »
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