Reçus à l’issue de la manifestation du 30 mai par le cabinet de la ministre déléguée chargée des Entreprises, les représentants des pharmaciens ont pu exposer leurs griefs. Et ils ont été entendus. Sur la dérégulation de la vente en ligne du médicament, le ministère a promis qu’elle ne se ferait pas sans eux. Le député Marc Ferracci, au cœur de toutes les rumeurs, s’est aussi exprimé.
À l’arrivée du long cortège d’officinaux qui ont battu le pavé parisien le 30 mai, syndicats, groupements et étudiants ont été reçus par le conseiller professions libérales, indépendants et rebond des entreprises au cabinet de la ministre déléguée chargée des Entreprises, du tourisme et de la consommation, Olivia Grégoire. Pendant 2 heures et demie, la délégation de pharmaciens a abordé tous les sujets qui mettent en péril leur métier (maillage, monopole, pénuries, financiarisation, réforme des études…). Le mouvement massif (30 000 officinaux dans la rue dans la France entière) a visiblement permis d’obtenir des réponses.
Le cabinet ministériel a ainsi assuré qu’il n’y a pas de projet de loi visant à libéraliser la vente en ligne de médicaments, porté par le député Marc Ferracci (Renaissance). Pour autant, jugeant que la France est en retard par rapport à ses voisins européens sur le sujet, le gouvernement maintient l’idée. « Accélérer la vente en ligne des médicaments est bien dans de discours de politique générale de Gabriel Attal, mais le ministère n’a pas de calendrier, rapporte Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le cabinet de la ministre déléguée chargée des Entreprises doit y travailler pendant la mandature de Gabriel Attal, mais comme il n’y a pas d’agenda, il n’y a pas d’urgence sur le sujet. » Le gouvernement « ne veut pas attaquer le monopole », ajoute Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens de France (USPO).
Ce que confirme le député Marc Ferracci lui-même, sorti de l’ombre jeudi soir. Il affirme à l’AFP qu’il y a bien « une réflexion pour savoir s'il est pertinent ou non d'assouplir » les règles de vente en ligne des médicaments sans ordonnance, mais sans « remettre en question le principe du monopole » des officines. « Il ne s'agit pas d'ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution, ni de mettre des médicaments sur Amazon. Cela n'a aucun sens », juge-t-il encore.
« On veut prendre le temps de faire la vente en ligne des médicaments, et on le fera avec vous », a précisé le conseiller d’Olivia Grégoire aux représentants pharmaceutiques. Une « co-construction » pour faciliter la vente qui reposera sur les préconisations des pharmaciens, tant sur les modalités de commande, de livraison et de prix. Les groupements travaillent ardemment sur le sujet, notamment sur la construction d’un standard de mise en relation entre le pharmacien qui vend en ligne et le patient. « Le but : c’est de dire “non” aux plateformes numériques avec des stocks déportés, mais “oui” à une relation numérique directe entre le patient et le pharmacien de son choix », explique Alain Grollaud, président de Federgy, la chambre syndicale des groupements et des enseignes, et artisan du projet. Concrètement, il s’agit de proposer une solution numérique pour prolonger la relation pharmacien/patient au comptoir, « pour répondre à un besoin sociétal », sans stocks déportés et sans plateforme. Un projet qui s’adressera également à tous les pharmaciens. « On veut que ce portail aille au-delà de la vente en ligne, avec la livraison sécurisée pour les patients. On va mettre également des modules de communication, pour que le pharmacien puisse informer des services qu’il propose, et de l’intelligence artificielle pour aider le pharmacien dans son quotidien, avec des outils pour qu’il puisse pratiquer les nouvelles activités dès son métier », ajoute encore Alain Grollaud.
De son côté, l’USPO a demandé de réactiver la dispensation à domicile, comme elle avait « proposé à l’assurance-maladie dans le cadre de la convention », mais « celle-ci a été limitée au retour à domicile des patients hospitalisés dans le cadre du Prado », ajoute Pierre-Olivier Variot.
Quant aux prix, les groupements travaillent pour modifier les règles d’achats. « Les conditions générales de vente d’un pharmacien individuel et d’un pharmacien groupé ne sont pas les mêmes, et ce n’est pas normal. Les groupements, travaillent à modifier cela », explique Pierre-Olivier Variot.
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