NE PAS PRENDRE les vétérinaires à rebrousse poil, mais s’imposer comme interlocuteurs privilégiés des possesseurs d’animaux de compagnie que sont aussi les clients des officines. Voilà l’invitation de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine (ANPVO), formulée lors de la dernière édition du salon Pharmagora. « Il y a un énorme potentiel de développement pour l’officine mais les pharmaciens ne le voient pas. Pour moi, cela reste une énigme ! », affirme Jacky Maillet, président de l’ANPVO. Selon lui, tous les pharmaciens sont capables d’appréhender la prise en charge des animaux de compagnie. Certes, dans ce domaine, l’environnement réglementaire est complexe, recoupant le code de santé publique, le code rural et le droit du commerce. Autre écueil évoqué par M. Maillet, l’absence d’ordonnance remise par le vétérinaire, après examen clinique et diagnostic. Cette ordonnance, qui ouvre la possibilité d’une dispensation des médicaments en pharmacie, est pourtant imposée par la loi. Elle est encore peu exigée des propriétaires d’animaux. « Ils n’en sont pas informés et les pharmaciens ont leur part de responsabilités dans ce manque d’information », estime Jacky Maillet. Il invite les officinaux constatant une infraction à la loi à s’adresser à l’ANPVO. Contact sera pris avec le vétérinaire non respectueux de ses obligations.
Mise à niveau.
Le manque d’investissement des pharmaciens tient aussi dans l’approche des universités, qui délaissent souvent la formation vétérinaire. « La demande est sûrement trop faible de la part de nos confrères », suppose Jacky Maillet. Selon lui, la formation de base permet de traiter 95 % des demandes au comptoir. « Le reste nécessite une mise à niveau », indique t-il. Un bon niveau de connaissances évitera aux officinaux certaines erreurs grossières, comme la délivrance dangereuse d’amoxicilline pour des lapins. « La même rigueur est attendue dans la dispensation du médicament humain et animal, dans la démarche de conseil, la vérification des posologies et des incompatibilités », précise le président de l’ANPVO. De la même façon, les ordonnances vétérinaires ne sont pas renouvelables, sauf si le praticien le mentionne. En revanche, la substitution entre médicaments n’est pas autorisée en médecine vétérinaire. Et une vigilance toute particulière doit s’exercer vis-à-vis des substances susceptibles de détournements (clenbutérol, anesthésiques généraux, etc.). À noter qu’une révision de la liste d’exonération des substances vénéneuses destinées aux animaux de compagnie est en cours. Et certains principes actifs d’usage courant (vermifuges) pourraient être dispensés sans ordonnance.
Une prévention insuffisante.
Une fois ces connaissances acquises, le pharmacien peut s’engager sur le marché des animaux de compagnie, « en fort développement et très rentable », souligne Arnaud Deleu, représentant du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire et réactif (SIMV). Selon ce docteur vétérinaire, 70 % des agents pathogènes pour l’homme sont issus du monde animal. « Or les solutions thérapeutiques et préventives sont sous utilisées par les possesseurs d’animaux de compagnie », indique t-il. En effet, 20 % des chiens et le tiers des chats n’ont pas reçu de traitements antiparasitaires externes (APE) au cours des 12 derniers mois. Concernant les antiparasitaires internes (API), ce sont la moitié des chats et le tiers des chiens qui ne bénéficient pas de traitement.
« Au total, la moitié des animaux ne font pas l’objet d’une prévention efficiente », déplore le représentant de l’industrie vétérinaire. Le risque est dans la contamination humaine (zoonose). Un chien sur deux et deux chats sur trois vivent régulièrement en extérieur, au contact d’agents pathogènes. En parallèle, ils sont de plus en plus choyés et proches de leurs maîtres. Il faut renforcer la vigilance, du fait de ce contact devenu plus étroit. « La santé animale fait partie intégrante de la santé familiale. Il passe chaque jour en officine près de 900 000 clients possesseurs d’animaux qui pourraient être sensibilisés à leur santé », rappelle Arnaud Deleu.
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