L’ACCOMPAGNEMENT des patients sous anticoagulants oraux est lancé. Les trois syndicats d’officinaux et l’assurance-maladie viennent en effet de signer l’avenant n° 1 à la nouvelle convention précisant les modalités pratiques de mise en œuvre du suivi des patients sous antivitamine K. Une première étape, car les référentiels relatifs au bon usage des nouveaux anticoagulants oraux (Pradaxa, Xarelto, Eliquis) n’existent pas pour le moment. Et les partenaires conventionnels conviennent d’ores et déjà d’étendre cet accompagnement à l’ensemble des patients sous anticoagulants oraux, dès lors que ces référentiels ou recommandations seront disponibles.
En pratique, les premiers entretiens pharmaceutiques ne pourront réellement démarrer qu’après parution au « Journal officiel » de l’avenant fraîchement signé. Mais déjà, les représentants de la profession se félicitent, à quelques nuances près, de la concrétisation de cette nouvelle mission prévue par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009.
Une avancée.
« Ce premier pas de l’officine vers le service au patient est une avancée symbolique incontestable, qui ouvrira de nombreuses portes, écrit Philippe Gaertner, dans le « Pharmacien de France » de janvier. Tous les pharmaciens, je le sais pour en rencontrer tous les jours, auront à cœur de mener ces entretiens à bien. » Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) regrette toutefois l’absence de calendrier de négociations conventionnelles concernant l’honoraire.
« Cette première « nouvelle mission » fait désormais partie de notre exercice officinal au service de nos patients », se réjouit également Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). ?« Elle correspond vraiment à l’évolution du métier que l’on souhaite, ajoute-t-il.
On ne peut plus se contenter de faire uniquement de la dispensation. »
Plus réservée, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) considère que l’instauration des nouvelles missions permettra certes de favoriser la multidisciplinarité au sein des officines, mais ne sera pas suffisante pour compenser les difficultés économiques actuelles rencontrées par les pharmaciens. Le syndicat présidé par Françoise Daligault souhaite l’indemnisation des frais qui seront engagés par les pharmaciens (informatisation) pour la réalisation de ces nouvelles missions.
Quoi qu’il en soit, le suivi des patients chroniques représente une attente des pouvoirs publics. « Trop de patients sous anticoagulants oraux ne bénéficient pas aujourd’hui d’un suivi qui leur serait nécessaire », regrettait Marisol Touraine à l’occasion du dernier Congrès national des pharmaciens, à Lille. Et la ministre de la Santé d’ajouter : « Les pharmaciens doivent pouvoir mobiliser pleinement leur compétence dans l’accompagnement de leurs patients, ce rôle doit être pleinement reconnu. » C’est donc aujourd’hui chose faite. Pour la profession, l’enjeu est de taille. Car les accidents iatrogéniques liés à l’utilisation des anticoagulants sont à l’origine de 17 000 hospitalisations et de 4 000 décès chaque année. C’est la première cause d’iatrogénie en France.
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