Certains patients chroniques sont à risque de développer une forme sévère de Covid-19. Notamment les patients dialysés ou transplantés, atteints de maladies respiratoires chroniques sévères, les insuffisants cardiaques chroniques, ceux atteints de coronaropathie, ayant une hépatite B ou C avec cirrhose, les personnes séropositives au VIH, atteintes de tuberculose, les diabétiques non équilibrés ou à risque de complications.
Chez ces personnes, le confinement doit être strict et la téléconsultation sera préférée, hormis pour la tuberculose, pour laquelle les consultations présentielles seront à privilégier du fait de nombreuses vulnérabilités, notamment sociales.
Côté médicament, plusieurs précautions sont à prendre selon les pathologies.
• Chez les dialysés ou transplantés :
S’assurer impérativement de la poursuite des traitements, en particulier pour les IEC ou ARA2, inhibiteurs de la neprilysine, corticoïdes, immunosuppresseurs. On rappellera aux patients de ne pas prendre de médicaments en automédication.
• En cas d’affection respiratoire chronique :
Il faut vérifier l’observance du traitement (incluant comment le médicament est pris et la posologie), la technique d’inhalation, et particulièrement l’adhésion au traitement par corticothérapie inhalée (asthme, certaines BPCO) ou par corticothérapie orale au long cours (asthme sévère, certaines pneumonies infiltrantes diffuses).
• Pour l’insuffisance cardiaque chronique :
Une modification du traitement peut être décidée en téléconsultation. Attention à l’hydroxychloroquine, qui peut être responsable d’un allongement du QT (ne pas utiliser en automédication).
• En cas de coronaropathie :
Le traitement médicamenteux de fond doit être maintenu (en particulier antiagrégant plaquettaire et antihypertenseur), qu’il y ait ou non un Covid-19. Attention la survenue brutale de symptômes tels que des douleurs thoraciques prolongées ou plus fréquentes, une dyspnée, des palpitations, une sensation de malaise prolongé : elle peut être liée à un Covid-19 et nécessite un appel au 15 en urgence.
• En cas d’hépatite B ou C avec cirrhose :
Le traitement est poursuivi ainsi que le suivi biologique, en ville. En cas de Covid-19, on maintiendra le traitement antiviral et on limitera la posologie quotidienne de paracétamol à 2 g/jour.
• Chez les séropositifs VIH :
Le traitement antiviral et des comorbidités sont poursuivis ainsi que le suivi biologique, en ville. Attention, il n’est pas recommandé de modifier les antirétroviraux pour utiliser Kaletra (lopinavir/ritonavir), qui est testé contre le coronavirus SARS-CoV-2. On ne changera de traitement qu’en cas d’échec thérapeutique, d’effets indésirables, de grossesse ou de coprescriptions indispensables à risque d’interactions médicamenteuses.
• Chez les diabétiques non équilibrés ou présentant des complications :
Ces patients présentent le risque de voir leur diabète se déséquilibrer en cas de Covid-19. Il faut donc veiller à maintenir la normalisation de l’équilibre glycémique et la continuité des traitements. Il faudra disposer de tous les médicaments et des consommables nécessaires (traitements oraux et/ou insuline, moyens d’injection), des dispositifs de surveillance glycémique et de corrections à d’éventuels évènements hypoglycémiques pour une période suffisante. Le patient devra contrôler régulièrement sa glycémie et bien s’hydrater. Il ne devra jamais suspendre les injections d’insuline lente (ou une pompe à insuline) même s’il ne mange plus, pour éviter l’acidocétose. Le traitement ne sera pas modifié.
• Des pathologies à surveiller :
D’autres pathologies, qui ne sont pas à risque de développer une forme grave de coronavirus, méritent toutefois quelques attentions. C’est le cas pour l’épilepsie. Des téléconsultations pourront être tenues afin de vérifier l’absence de crise et la bonne observance du traitement ainsi que l’anxiété ou troubles psychiatriques qui ont pu se développer en lien avec le confinement. De plus, attention à l’hydroxychloroquine qui peut réduire le seuil épileptogène et provoquer des crises épileptiques.
Enfin, en cas de maladie de Parkinson, on prendra en compte l’anxiété, qui peut avoir un impact fort sur les symptômes de la maladie et qui devra être prise en charge. En cas d’aggravation clinique, un avis médical doit être pris par téléconsultation. En effet, l’infection à Covid-19 peut être à l’origine de cette dégradation.
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