« Seul, on va vite ; ensemble, on va loin », affirme Éric Bot. Le pharmacien de Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais) avait invité, au nom de l’URPS pharmaciens du Nord-Pas-de-Calais, les cent trente officinaux du bassin de vie du Lensois à une réunion d’information intitulée « Du dépistage des cancers à la prise en charge thérapeutique, quel parcours pour nos patients ? ». Une cinquantaine de pharmaciens se sont donc retrouvés dans la salle de conférence de l’hôpital de Lens. La réunion était parrainée par la région Nord-Pas-de-Calais, le centre hospitalier de Lens, le plus important du département, le réseau régional de cancérologie, ONC Nord-Pas-de-Calais, Opaline 62, l’association pour le dépistage du cancer, et, bien sûr, l’URPS, dont le président, Jean-Marc Lebecque, était présent.
Trois médecins ont présenté leur action et leur service. Florence Quandalle, chirurgien gynécologique au CH de Lens, a exposé comment son service accueille la patiente, la soigne, la dirige éventuellement vers les hôpitaux de Lille ou de Hénin, assure le retour en ville, puis son suivi pendant les deux années suivantes. Ces informations ont amené les pharmaciens présents à s’interroger sur leur propre rôle vis-à-vis de la patiente.
Le Pr Jean-Pierre Chambon, chirurgien viscéral à Lens, a détaillé les cancers colorectaux, leurs facteurs de risques, leurs signes cliniques. Le pharmacien doit être vigilant et dialoguer avec le patient, affirme le praticien, profiter, par exemple, du renouvellement d’une prescription de poche. Les pharmaciens doivent inciter leurs patients à consulter, ont insisté les deux médecins.
Le Dr Marie-Laure Forzy a présenté son association Opaline 62 et son action de dépistage des cancers féminins, dont celui du sein, et colorectaux. Le taux régional de personnes répondant à une action de dépistage est passé de 30 % en 2004 à 54 % en 2014, précise-t-elle, mais le nombre de morts dues à un cancer non dépisté dépasse en Nord-Pas-de-Calais de 32 % la moyenne nationale.
La proximité, c’est le pharmacien
« Pourquoi les officines ne distribuent-elles pas les tests, par exemple pour le cancer colorectal ? », s’interroge Claudine Huchette, représentant l’Ordre à la soirée. Une interrogation largement approuvée, y compris par Marie-Laure Forzy qui considère qu’on se prive ainsi de beaucoup plus de contacts. L’interrogation s’avère d’autant plus pertinente que les officines ont commencé à distribuer le test contre le VIH le jour même où se tenait la réunion. « La proximité des patients, c’est nous qui l’avons », s’est exclamée une autre pharmacienne.
Éric Bot en profite pour rappeler l’action menée avant l’été contre « l’entrisme » des prestataires aux dépens de l’officine (voir « Le Quotidien » du 22 juin 2015). « C’est la prescription du médecin hospitalier qui nous indique la gravité de l’état du patient. Si le pharmacien de ville perd, par exemple, le marché des poches, il ne peut plus remplir son rôle de conseil auprès du patient. » « Nous accueillons le patient, nous lui parlons, ainsi qu’à sa famille, renchérit Sophie Sergent, pharmacien à Liévin, également administratrice de l’URPS, il ne faut pas nous enlever une partie de notre activité sous prétexte que les prestataires peuvent entrer à l’hôpital, auprès des médecins ou des malades. »
Laetitia Lemoine, pharmacienne coordinatrice du réseau Onco, présente l’action du réseau pour fédérer les professionnels en vue « d’améliorer le parcours de santé du patient ». Elle fait une démonstration du site de l’annuaire ressource (www.onco-npdc.fr) qui permet à tout professionnel de connaître l’offre de soins et d’accompagnement social pour chaque pathologie, à travers la région.
Une double transition pour amener ensuite Éric Bot à présenter la toute nouvelle Carte de coordination de soins. Tirée à deux millions d’exemplaires (pour 4 millions d’habitants), et en cours de distribution dans toutes les officines, cette carte en trois volets indique les principales affections et allergies du patient, les traitements, ainsi que les noms et coordonnées du médecin, de l’infirmier(e), du pharmacien, du kiné, du laboratoire et d’autres professionnels. « Avec cette carte, le service hospitalier peut préparer la sortie du patient, et prévenir les professionnels de ville pour qu’ils prévoient les commandes, le matériel, etc. »
Le mot de la fin revient à Cécile Bourdon, vice-présidente du Conseil régional, qui rappelle l’importance du nombre de cancers dans la région et les efforts menés par la collectivité. Dans le droit fil de l’URPS et des pharmaciens du bassin lensois, elle invite chacun à « s’informer les uns les autres de ce que chacun fait. Pour la santé de tous, on ne peut pas faire l’un sans l’autre ».
légende ph (JG)
Au premier rang, de gauche à droite, Laetitia Lemoine (réseau Onco), Sophie Sergent, et Éric Bot (URPS)
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques