« AVOIR la peur au ventre », « prendre aux tripes », « en avoir dans le ventre » ou encore fuir « ventre à terre »... La langue française est riche d’expressions imagées où le ventre tient une place centrale. Il faut dire que cette partie de notre anatomie - qui n’a au passage pas de définition physiologique précise - semble être le siège d’un bon nombre de nos émotions. Même la bile, sécrétée par le foie pour faciliter l’émulsion des graisses au cours de la digestion, a inspiré la langue de Molière pour exprimer la colère (échauffer la bile) ou l’inquiétude (se faire de la bile) (voire notre article « Les maux du ventre » en page 12).
Dans les officines, ces expressions viennent couramment se mêler à la sémantique médicale pour figurer une plainte et réclamer le soulagement. Si le recours au spécialiste est parfois nécessaire, l’arsenal conseil du pharmacien est en mesure d’éteindre le feu de la plupart des luttes intestines. Pour autant, dans ce domaine comme dans d’autres, le médicament n’est pas toujours indispensable, explique au « Quotidien » le Dr Frédéric Saldmann. Dans « Le meilleur médicament, c’est vous », l’hygiéniste revient avec force arguments aux fondamentaux d’une médecine de prévention. « Prenons l’exemple de la constipation : prendre des laxatifs tout au long de l’année, c’est très irritant pour le côlon. Dès lors que je leur propose d’adopter une alimentation riche en fibre et une posture aux toilettes qui « marche » très bien (N.D.L.R., position imposée par les toilettes à la Turque), la plupart des patients me disent que cela leur permet d’arrêter complètement les laxatifs. » La victoire de l’hygiène sur le médicament. Mais attention, n’accusez pas trop vite le Dr Saldmann d’être l’ennemi des pharmaciens. « Je ne mène pas un combat contre le médicament. Je me bats pour qu’on utilise le médicament autrement », vous répondra-t-il.