Présentée au congrès de Washington de janvier 1996 (28 janvier au 2 février 1996), les résultats de l’étude de phase I/II menés par Danner sur le ritonavir montraient que cette antiprotéase diminuait la virémie d’un log. En association avec l’AZT, le ritonavir à la dose de 1 200 mg/j maintenait une réduction de plus de 2,5 log. En France, sur les 21 patients traités par le Dr Jacques Leibowitch par cette association, la virémie était devenue indétectable chez 6 d’entre eux au bout de 6 mois.
Dans le public qui assistait fasciné à la présentation de ces résultats, de nombreux Français sont présents : le Dr Leibowitch, le Pr Jean-François Delfraissy, mais aussi le Pr Michel Kazatchkine, alors médecin à l’hôpital Necker-Enfant Malade (AP-HP). « Les présentations de Washington et de Vancouver ont été un choc pour tout le monde », se souvient celui qui deviendra, des années plus tard, le directeur de l’agence national de recherche sur le sida (ANRS) puis du fonds mondial de lutte contre le sida.
Charge virale indétectable, une première
« C’était vraiment la première fois que l’on parvenait à rendre une charge virale indétectable, rappelle le Pr Kazatchkine, qui plus est la chute de la virémie était spectaculaire, rapide et intense. Même si nous n’avions pas encore les données de cohortes et si toutes les études n’étaient pas abouties, on savait qu’il fallait y aller. »
Ce furent principalement des résultats concernant des associations de ritonavir ou d’indinavir avec des inhibiteurs de transcriptases inverses (AZT, ddl, ddC, 3TC ou D4T) qui ont été communiqués à Washington puis à la conférence sur le sida de Vancouver qui s’est tenue du 7 au 12 juillet 1996. En Europe, un troisième inhibiteur de protéase, le saquinavir, était déjà à l’essai, et bénéficiait même d’une autorisation temporaire d’utilisation depuis le 1er janvier en France.
Pour autant, on n’ose pas encore rêver à la transformation de l’infection par le VIH en maladie chronique. « Sur le coup, on ne se disait pas encore que l’on allait faire du VIH une maladie chronique, mais qu’on avait les clés pour des traitements efficaces, précise le Pr Kazatchkine, on commençait déjà à se poser des questions sur le développement de résistance et sur la durée de l’efficacité. »
Interrogé par le « Quotidien » à son retour de la conférence historique de Washington, le Pr Jean François Delfraissy, actuel directeur de l’ANRS successeur au Pr Kazatchkine, ne disait alors pas autre chose : « Puisque la durée des effets des antiprotéases n’est pas connue, le plus urgent est d’en faire bénéficier les
patients. »
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