LA MALADIE cœliaque ou intolérance au gluten concerne probablement une personne sur 100 en France. « Elle est caractérisée par une destruction progressive des villosités intestinales et se manifeste cliniquement de façon très variable, touchant les enfants comme les adultes, contrairement à ce que l’on pensait autrefois », précise le Pr Christophe Cellier, gastro-entérologue, spécialiste de la maladie cœliaque, à l’hôpital européen George Pompidou (Paris)
Cette expression polymorphe rend difficile le « classement » des patients. Il existe des facteurs de prédisposition génétique : le risque, de 1 % dans la population générale, est multiplié par 5 à 10 si l’un des parents est touché. La maladie touche trois femmes pour un homme. Et l’on observe trois pics de révélation, le premier dans l’enfance, entre 2 et 10 ans, le deuxième entre 20 et 40 ans, enfin 20 % surviennent après 60 ans.
Quoi qu’il en soit, le diagnostic, évoqué cliniquement, est confirmé sur le dosage sanguin des anticorps antitranglutaminase et conforté, si le test est positif, sur l’atrophie constatée à la gastroscopie. Le dosage toutefois méconnaît 10 % des cœliaques. Les complications d’une maladie méconnue et donc non prise en charge peuvent être une anémie, une déminéralisation osseuse, un dysfonctionnement thyroïdien, un diabète et, de façon exceptionnelle, un lymphome intestinal.
« À l’origine de ce déficit diagnostique, des symptômes gastro-intestinaux parfois peu au premier plan, une fatigue peu spécifique, des malades qui ne consultent pas pour leurs douleurs, la difficulté si l’on n’y pense pas de différentier maladie cœliaque et troubles fonctionnels intestinaux », suggère le Dr Francis Abramovici, médecin généraliste et formateur à l’Unaformec.
Durée et quantité ingérée.
L’intolérance au gluten ne se manifeste pas dès l’ingestion d’une molécule de gluten à l’image de ce qui se produit avec une allergie (rare), mais est liée à la durée d’ingestion et à la quantité de gluten ingéré (blé, orge, avoine et seigle). Une fois le régime initié, les symptômes s’amendent en deux à trois mois, les anticorps se négativent en un an et les villosités en un à deux ans. Une surveillance clinique et biologique une fois par an permet de détecter les erreurs de régime (50 % des cœliaques !). Enfin, les cœliaques asymptomatiques eux aussi sont globalement en meilleure santé après un régime sans gluten.
L’hypersensibilité au gluten quant à elle est une bulle qui grossit de façon exponentielle, à la faveur de la publicité qui lui est faite… Le dosage d’anticorps est ici bien sûr négatif. « S’il est réalisé après un régime sans gluten adopté a priori, les informations biologiques (le test) pourraient être modifiées et la maladie cœliaque ignorée », note le Pr Cellier. Ce qui est sûr, c’est que les « hypersensibles au gluten » se sentent mieux après exclusion du gluten. Celui-ci serait pour eux toxique généralement, pas seulement au niveau digestif. Peut-être trouvera-t-on un jour un virus par exemple à l’origine de ce trouble comme pour l’ulcère gastrique… « Gare, prévient-il, si le régime est décidé sans justification, il peut être source de carences, la quantité de protéines et de glucides présents dans les aliments contenant du gluten devant être remplacé en proportion équivalente ».
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