MÊME si les grands principes du régime diététique des diabétiques sont établis depuis des années, ils sont encore en butte aux idées reçues. Le mot diabète reste souvent synonyme de suppression des aliments sucrés. En fait, l’équilibre nutritionnel conseillé est le même que pour les non-diabétiques, à savoir 15 % de l’apport énergétique total (AET) sous forme de protides, 30 à 35 % de lipides, 50 à 55 % de glucides et 10 % apportés par les produits sucrés. La restriction des aliments sucrés, comme pour tous, n’est préconisée que pour prévenir les caries ou limiter la prise de poids, ce n’est nullement un diktat pour tous les diabétiques.
Réduire les graisses.
« Chez les diabétiques de type 2, dont 80 % sont en surpoids, l’objectif est avant tout de maintenir un poids de forme en équilibrant l’alimentation, en réduisant beaucoup plus les apports lipidiques que glucidiques », résume Carmen Flumian, diététicienne dans le service de Diabétologie du Dr Huet à l’hôpital Saint-Joseph (Paris). « La proportion entre lipides, protides et glucides est théorique, mais en pratique il faut surtout corriger des erreurs, très fréquentes, concernant les graisses, notamment les excès de beurre, fromages, charcuteries, viandes grasses et fritures ». En effet, les lipides sont deux fois plus caloriques que les glucides et leur excès dans le sang augmente aussi fortement le risque cardiovasculaire que l’excès de sucre. Mais le sucre demeure trop souvent l’ennemi n° 1 et « le message a toujours du mal à passer chez les patients et même les médecins généralistes… ». Cela dit, trop de jus de fruits, de fruits ou de pain et les grignotages sont des erreurs courantes à combattre.
Les produits sucrés ne sont pas non plus interdits aux diabétiques de type 1, mais simplement limités, là encore, en cas de surpoids… à condition de ne pas se rabattre sur les aliments riches en graisses. Avec les derniers perfectionnements du matériel pour diabétiques et les pompes à insuline, c’est aujourd’hui plus facile. Dans l’ensemble, à partir du moment où le diabétique insulinodépendant est « bien dans ses baskets », il n’y a guère de problèmes. Il suffit qu’il apprenne à calculer les glucides (à l’aide de formules) en fonction de ce qu’il mange pour évaluer sa dose d’insuline. Sinon, il est essentiel d’avoir des glucides (en quantités raisonnables) à tous les repas.
Ne pas interdire les bonbons.
L’idée qu’il faut interdire les bonbons et autres friandises aux enfants diabétiques de type 1 reste particulièrement ancrée. Comme l’a rappelé Nathalie Jaupitre lors des 50es Journées d’études de l’AFDN (Association française des diététiciens-nutritionnistes) à Saint-Malo, le sucre et les produits sucrés (chocolat, barres chocolatées, glaces, pâtisseries, biscuits…) ont un index glycémique moins élevé que certains produits céréaliers comme le pain, les corn-flakes ou la purée de pommes de terre et il n’y a aucune raison de les proscrire. Pourtant, des soignants restent peu convaincus et certains parents considèrent qu’il faut les en priver pour leur bien. « Ils ont toujours à l’esprit que les produits sucrés sont des glucides d’absorption rapide ; la notion d’index glycémique est floue, voire inconnue pour bon nombre de ces jeunes et leur famille », explique cette diététicienne-nutritionniste du Centre Rey-Leroux à la Bouexière (Ille-et-Vilaine), qui accueille des jeunes diabétiques acceptant mal les contraintes de leur maladie.
L’objectif du traitement est de maintenir une glycémie la plus proche possible de la normale en s’injectant de l’insuline et en contrôlant leur alimentation pour obtenir une bonne adéquation entre l’insuline injectée et les glucides absorbés. Ce qui n’implique pas la suppression des friandises. Les recommandations des spécialistes mondiaux du diabète (International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes) sont claires sur le sujet : la consommation de saccharose (glucides des produits sucrés) est compatible avec un bon équilibre du diabète si elle ne dépasse pas 10 % de l’apport énergétique total. Seules les boissons sucrées (sirops, sodas) sont à éviter, sauf éventuellement pour traiter les hypoglycémies, mais cette incitation à la modération devrait s’appliquer à tous les enfants…
Le goût pour le sucré est inné, insiste Nathalie Jaupitre et demander à un enfant de s’interdire de manger des bonbons relève de l’utopie. C’est aussi une contrainte supplémentaire loin d’être anodine. « La frustration risque d’entraîner des envies de transgression et des compulsions difficiles à observer et à canaliser parce que cachées, et de provoquer in fine des hyperglycémies ». Les sucreries font partie intégrante de leur vie et représentent aux goûters d’anniversaire, aux fêtes, un moment de partage, de socialisation.
Bref, mieux vaut apprendre aux jeunes diabétiques à consommer intelligemment des friandises plutôt que de les interdire. Il y a néanmoins une règle à respecter au maximum : des quantités raisonnables et pas entre les repas. Un bonbon en fin de repas ne provoque pas plus d’hyperglycémie qu’une bouchée de pain supplémentaire pour « saucer ». Avant une fête, si la consommation des sucreries est plus importante, l’enfant peut aussi prévoir d’augmenter la dose d’insuline injectée pour éviter une hyperglycémie.
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