LA VITAMINE D est non seulement une vitamine mais également une hormone stéroïde et un antioxydant. En plus de son rôle fondamental dans la minéralisation osseuse, elle a de multiples effets extra-osseux. Les dernières études ont démontré que des déficits en vitamine D peuvent être impliqués dans de nombreuses pathologies graves comme le diabète, les maladies neurodégénératives, l’insuffisance rénale, l’obésité et certains cancers (sein, colorectal). Ils peuvent également entraîner un dérèglement du système immunitaire et hormonal. Les autres effets positifs de cette vitamine sont une amélioration des performances musculaires du sujet âgé, la prévention des chutes et, probablement, une amélioration du contrôle de la pression artérielle et du fonctionnement cardiaque. Les précurseurs de la vitamine D sont le cholécalciférol D3 et l’ergocalciférol D2 transformés par hydrolyse en 25-hydroxycalciférol 25(OH)D. Dans la population générale, les apports nutritionnels conseillés (ANC) pour la vitamine D (400 UI/jour pour les moins de 65 ans et 600 UI/jour pour les plus de 65 ans) sont trop faibles pour atteindre la cible de 25(OH)D› 30 ng/ml (75 nmol/l). Il faut donc donner « plus », sans risque d’induire des intoxications à la vitamine D.
Supplémenter systématiquement la femme enceinte.
La question stratégique au cœur des débats scientifiques actuels est de définir un statut vitaminique optimal, de savoir comment supplémenter la population française et à quelle dose. « Actuellement, nous corrigeons une insuffisance en donnant de la vitamine D à des posologies qui dépendent de la concentration de 25(OH)D de départ, le traitement de maintenance est de 800-4 000 UI/jour de vitamine D2 ou D3, ou 100 000 UI de D3 chaque mois ou tous les deux ou trois mois, constate le Dr Marie Courbebaisse, hôpital Tenon (Paris). Il est certain que les apports mensuels ou trimestriels améliorent l’adhérence au traitement sans entraîner de surrisque, et il est préférable que la dose de charge se fasse avec la vitamine D3 qui est plus physiologique et qui a une plus grande stabilité en terme de durée. La vitamine D2 étant plus efficace dans une utilisation continue plutôt qu’intermittente. »
La carence materno-fœtale a été longtemps ignorée alors que le fœtus est totalement dépendant de sa mère pour l’apport en vitamine D, et il y a possibilité de rachitisme congénital authentique, mais exceptionnel. En fait, la carence materno-fœtale est surtout responsable d’hypocalcémies néonatales. Celles-ci peuvent être réduites par une supplémentation maternelle systématique (400 UI/jour ou dose de charge de 100 000 UI au début du 7e mois). Le problème majeur du rachitisme en France a été réglé en 1992 par l’enrichissement systématique des laits pour nourrissons et des laits de suite (en pratique 400 à 570 UI/l selon les marques). Depuis le 11 octobre 2001, il est autorisé d’enrichir les laits et les produits laitiers frais de consommation courante en vitamine D.
Un risque de fracture chez les ados.
Les problèmes persistent en France chez les adolescents en période de croissance maximale. Ils ont une déficience en vitamine D fréquente, 25 % ont un taux de 25(OH)D trop bas. La recommandation de donner systématiquement une dose de charge au début et à la fin de l’hiver (2 x 100 000 UI) est peu suivie et on constate un défaut de minéralisation osseuse fréquent, surtout chez les filles. Les conséquences à court terme sont une augmentation du risque de fractures et, à long terme, cette densité minérale insuffisante est un facteur d’ostéoporose. Même s’ils sont discutés, il existe aussi chez les jeunes générations des risques de pathologies extra-osseuses dissociées du métabolisme calcique, comme le diabète de type 1, l’infection des voies respiratoires chez le jeune enfant, et la sclérose en plaques (SEP) chez l’adolescent.
Aujourd’hui, les objectifs chez la mère, chez l’enfant de 2 à 5 ans et chez l’adolescent sont de dépasser le seuil de carence (25(OH)D› 12 ng/ml) pour atteindre des taux sériques de 25(OH)D supérieurs à 20 ng/ml, soit 50 nmol/l. L’enrichissement systématique d’un aliment très consommé par tous serait le moyen le plus efficace pour atteindre ces objectifs, mais quel aliment utiliser sans danger ? Le lait ne suffit manifestement plus après l’âge de deux ans. Il faut donc recourir à une supplémentation administrée par des doses de charge trimestrielles en début et en fin de période hivernale. Pour un effet osseux satisfaisant, cet apport est indissociable d’un apport de calcium adéquat.
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Françoise Amouroux
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