IL EST MORT il y a 300 ans en Iakoutie, région du nord de la Sibérie. Enterré auprès des quatre autres membres de sa famille, son corps pris dans la glace est plutôt bien conservé. En tout cas, suffisamment pour que des chercheurs, dont la Française Catherine Thèves (université Paul-Sabatier-CNRS de Toulouse), puissent pratiquer l’autopsie de cet hibernatus anonyme. L’opération révèle notamment la présence de sang dans les poumons, ce qui amène les scientifiques à penser que le décès a peut-être été causé par la variole. Dès lors, la chasse au virus oublié s’engage. Bingo ! L’hypothèse est la bonne. Les quelques centaines de paires de bases de l’ADN viral (sur 200 000) retrouvées suffisent à identifier sans ambiguïté l’agent disparu. Certes, confie Catherine Thèves, « le virus était très dégradé », mais l’ordinateur a fait le reste. L’analyse informatique a en effet permis de reconstituer près de 750 paires de bases, et de confirmer qu’il s’agit bien d’une souche humaine. Cette découverte, a-t-elle souligné, permettra d’étudier l’évolution du virus. Rappelons que la variole, considérée comme éradiquée par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1979, a fait plusieurs centaines de millions de morts. Le virus aurait même causé la disparition totale de plusieurs populations autochtones en Amérique, en Afrique et en Asie.
L’intérêt de la découverte sibérienne tient au fait que, jusqu’à présent, on ne disposait que de souches virales datant des années 1950 à 1980, soit portant sur seulement 30 ans. « À partir de cette souche, datant du XVIIIe siècle, on pourra éventuellement découvrir comment le virus de la variole a muté, comment il s’est adapté à de nouveaux hôtes, aux grands froids… », explique la chercheuse française. Comment faisait-il pour entrer dans les cellules et, plus largement, pour fonctionner ? Les études en cours apporteront également ces éclairages sur le paléovirus. Au bout du compte, l’ensemble de ces informations pourrait permettre de mettre au point de nouveaux vaccins contre la maladie en cas de reprise.
Aujourd’hui, seulement deux laboratoires, un russe et un américain, gardent encore des souches de la variole, afin de pouvoir lutter contre le bioterrorisme en fabriquant des vaccins, au cas où…
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