Quelques chiffres
On retrouve 108 à 109 germes par millilitre de sécrétions vaginales. De 5 à 10 espèces différentes cons-tituent la flore vaginale. Le pH du milieu vaginal oscille entre 4 et 4,5.
Quelques définitions
La flore de Döderlein est la flore saprophyte vaginale. Les principales bactéries la constituant sont les lactobacilles (également appelés bacilles de Döderlein) qui représentent 95 % de la flore vaginale. On les retrouve en quantité importante : jusqu’à 10 millions de germes par millilitre de sécrétion vaginale. De 5 à 10 autres espèces peuvent être retrouvées en faible quantité, principalement des espèces anaérobies.
Les mycoses vaginales se caractérisent par un prurit intense et des leucorrhées blanchâtres. Fréquentes chez la femme, elles sont favorisées par les variations hormonales (règles, grossesse), une immunodépression, une antibiothérapie, un diabète. Elles sont dues principalement à Candida albicans.
Les vaginoses bactériennes correspondent à un déséquilibre de la flore vaginale avec une
diminution des lactobacilles au profit des germes anaérobies, en particulier Gardnerella vaginalis. Elles sont asymptomatiques ou se manifestent par des pertes claires et malodorantes.
Le score de Nugent est établi lors d’un examen direct microscopique, après coloration de Gram, pour rechercher une vaginose bactérienne. La flore vaginale se divise en trois groupes : flore normale (groupe 1), flore intermédiaire (groupe 2) et flore évocatrice d’une vaginose (groupe 3).
Un peu de physiopathologie
Les lactobacilles composant la flore de Döderlein inhibent la prolifération des germes pathogènes via divers mécanismes. Sous l’influence de l’imprégnation estrogénique, ils hydrolysent le glycogène des cellules vaginales en acide lactique. Cet acide permet le maintien d’un pH acide oscillant entre 4 et 4,5. L’acidité obtenue a une action bactériostatique empêchant la prolifération de nombreux germes (Candida albicans n’est pas neutralisé par ce pH). Le glycogène, en plus d’acidifier le pH, joue un autre rôle : comme il est aussi le substrat de germes pathogènes tels que Candida albicans, les lactobacilles entrent ainsi en compétition avec les ger-mes pathogènes et assurent la défense du territoire. Le peroxyde d’hydrogène sécrété par les lactobacilles empêche la prolifération de Gardnerella vaginalis ou encore de Neisseria Gonorrhoeae grâce à son effet oxydatif. En adhérant à la surface de la muqueuse vaginale, en particulier à la fibronectine, et en produisant des biosurfactants (la surfactine), la flore joue aussi un rôle de barrière (biofilm) et inhibe l’adhésion des bactéries pathogènes.
Les mots du conseil
Pourquoi la flore vaginale est-elle plus sensible à certaines périodes de la vie ?
Le pH, la flore et les hormones sont « intimement » liées. À la naissance, la petite fille possède la flore vaginale d’une femme adulte pendant quelques jours. Puis, jusqu’à la puberté et à partir de la ménopause, en l’absence d’imprégnation estrogénique, la flore n’est pas constituée de lactobacilles mais de divers micro-organismes, et par conséquent le pH est moins acide, avoisinant 7. On retrouve le même phénomène pendant les
règles, le pH est alors proche de 6. La grossesse est aussi une période de la vie où la flore vaginale est transformée puisque les lactobacilles diminuent largement.
« Quel pH pour mon soin ? »
Le soin à utiliser devra respecter le pH physiologique et sera donc différent en fonction des âges et des maux. Chez la femme adulte, les soins légèrement acides ou neutres sont donc les soins qui possèdent le pH le plus proche du pH physiologique. En pratique, les soins à utiliser quotidiennement possèdent un pH compris entre 5 et 8. Ceux possédant un pH entre 7 et 8 revendiquent une prévention d’infection mycosique. Ils peuvent être recommandés en usage quotidien si besoin.
« Je ne veux pas utiliser un soin spécifique ».
Pour celles qui ne souhaitent pas utiliser un soin spécifique de l’hygiène intime, il faut éviter les savons classiques et les savons de Marseille qui ont un pH trop alcalin et les gels douche parfumés qui peuvent être irritants et allergisants. Préférer un syndet hypoallergénique : son pH sera d’environ 6 à 6,5 et il sera plus adapté aux peaux sensibles.
Les gestes à faire et à ne pas faire.
Les savons moussants antiseptiques sont à proscrire si leur usage est quotidien : ils risquent de déstabiliser la flore vaginale, tout comme les douches vaginales.
L’excès d’hygiène est aussi délétère que le manque d’hygiène : limiter au maximum la toilette
intime à deux fois par jour. En général, une toilette une fois par jour suffit sauf dans certains cas : grossesse, règles, épisiotomie après accouchement, baignades répétées…
La toilette se fera de préférence à mains nues, d’avant en arrière. Mieux vaut éviter les gants de toilette. Puis essuyer sans frotter en tamponnant légèrement avec une serviette.
Pour prévenir les irritations, éviter le port de vêtements trop serrés, préférer des sous-vêtements en coton aux sous-vêtements synthétiques, nettoyer les sous-vêtements avec une lessive hypoallergénique, éviter le papier toilette parfumé, les déodorants intimes ou les eaux de toilette, les bains moussants aux huiles essentielles ou trop parfumés.
Accompagner le traitement d’une mycose.
Un pH trop acide favorise la multiplication de levures telles que Candida albicans. Le soin accompagnateur d’un traitement antifongique sera donc un soin à pH alcalin qui calmera les irritations. L’utilisation biquotidienne d’un tel soin doit se limiter à quelques jours et être suivie d’un retour à un soin respectant le pH physiologique.
Accompagner le traitement d’une vulvovaginite bactérienne.
Le soin accompagnateur d’une infection bactérienne est un soin à pH acide, à l’inverse d’une infection mycosique (exemple : Saugella antiseptique).
Les produits-conseils
Le choix de la forme dépend des habitudes de vie : on conseillera un pain ou un gel liquide à domicile, des lingettes pour un usage ponctuel sans rinçage (règles, sport, voyages), et on préférera une mousse en cas d’irritations importantes.
Les soins pour l’hygiène intime sont composés d’une base lavante douce et sont enrichis en actifs spécifiques selon le confort souhaité.
Parmi les adoucissants, on retrouve la camomille, l’avoi-ne, le tilleul, le calendula, l’alphabisabolol, la mauve ou encore le tilleul. Certains soins sont additionnés d’actifs anti-irritants ou antiprurigineux : de l’eau thermale, de la sauge, du thym, de la bardane, du nymphéa blanc. L’aloe vera est utilisé pour ses propriétés hydratantes. Pour acidifier le pH et le rendre proche du pH physiologique, de l’acide lactique entre parfois dans les compositions. La piroctone olamine peut être ajoutée pour son action antifungique.
Pallier la sécheresse vaginale.
La sécheresse vaginale touche principalement les femmes préménopausées et ménopausées. Elle peut aussi survenir après une grossesse, en particulier chez la femme allaitante, ou lors de la prise de traitements desséchants comme une contraception progestative microdosée, des antiacnéiques… Outre les lubrifiants, des soins spécifiques s’offrent aux femmes souffrant de sécheresse vaginale. Ils sont enrichis en actifs hydratants et apaisants : huile de macadamia, extrait de plantain, extrait de lait d’avoine, extrait d’olivier, aloe vera… Des phytoestrogènes sont aussi intégrés dans certaines solutions grâce aux isoflavones de soja (Fitormil).
Les soins à pH alcalin.
Lors d’une mycose, on pourra utiliser Gyn Hydralin à base de glycocolle (pH : 8,5), Saforelle (pH : 8), Alkagin (pH : 7,5), Feminic 8 (pH : 8), Myleuca (pH : 8,5), Rogé Cavaillès Mycolea (pH : 8)…
Associer un complément alimentaire.
Bion flore intime associe deux souches de lactobacilles : Lactobacillus rhamnosus et Lactobacillus reuteri. De même, Gynocontrol contient des Lactobacillus acidophilus (2 milliards de lactobacilles par gélule). Ces probiotiques permettent de restaurer l’équilibre de la flore intime lorsque celle-ci a été perturbée pour des raisons diverses (grossesse, mycose, soins d’hygiène inadaptés…) et lorsque la femme ressent un inconfort (démangeaisons, picotements, odeurs, écoulement).
Lero gynélys, Urell Gênes urinaires et Cys-Control sont des compléments alimentaires composés de cranberry et de probiotiques. Ils sont destinés aux femmes sujettes aux troubles urinaires et dont, par conséquent, la flore vaginale est déséquilibrée.
Pour les petites filles ?
La flore vaginale de la petite fille étant différente de celle de la femme adulte, la muqueuse vaginale est moins bien protégée et plus sensible. On proposera donc une toilette spécifique, toujours d’avant en arrière, avec des soins au pH proche du pH physiologique de la petite fille : Saugella girl (avec des extraits naturels de mauve, des extraits naturels de calendula, du lait d’avoine et des protéines de riz), Hydralin apaisa enfant (formule enrichie en lotus), Saforelle pédiatrie (avec une formule enrichie en bardane)…
Et pour l’homme ?
Les irritations de l’homme trouvent aussi leurs solutions : Saforil homme, Saugella homme…
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
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