L’HEURE, c’est l’heure. Eh bien, cet adage s’applique aussi en obstétrique ! On l’avait presque oublié, mais mener une grossesse à son terme, c’est la mener jusqu’à 41 SA (semaines d’aménorrhée). Certes, toutes les équipes obstétricales du monde entier font tout pour éviter les complications liées à la grande et à la très grande prématurité. Alors, une fois le cap des 37 SA passé, tout le monde souffle. Pour autant, il reste que naître à 37 SA ne serait pas équivalent à naître à 41 SA en terme de maturité. Des épidémiologistes britanniques démontrent en effet que, plus la date de naissance est proche du terme de la grossesse, meilleur est l’état de santé aux âges de 9 mois, 3 et 5 ans, et, ce même le seuil théorique de la prématurité dépassé. Ce qui se traduit par moins d’hospitalisations, moins de maladies chroniques et une meilleure courbe staturo-pondérale. Pour les auteurs, il existe un effet dose-réponse de la prématurité, les complications suivant le gradient inverse, les risques étant les plus faibles autour de 41 SA.
Pour arriver à ces conclusions, l’équipe dirigée par Elaine Boyle (université de Leicester) a collecté les informations de santé d’une cohorte de bébés nés Outre-Manche entre 2000 et 2002, soit 18 818 enfants exactement. Certaines données, telles que le poids, la taille et l’indice de masse corporelle étaient mesurés à 3 et 5 ans par des enquêteurs formés. D’autres étaient recueillies à l’interrogatoire des parents, comme le nombre d’admissions à l’hôpital pour cause non accidentelle, l’existence d’une maladie chronique ou d’un handicap, la survenue d’un épisode de frein expiratoire ou d’asthme, la prescription de médicaments. Dans l’étude, une maladie chronique invalidante était définie comme ayant un retentissement sur les activités normales des enfants de cette classe d’âge.
Affections gastro-intestinales et respiratoires.
Curieusement, en ce qui concerne la courbe staturo-pondérale, par rapport aux bébés nés à terme, les petits prématurés ont plus de risque non pas d’être malingres… mais de devenir obèses. Reste malgré tout que cette constatation n’est valable que pour cette catégorie d’âge, la tendance étant que, plus la prématurité est grande, plus les enfants ont tendance à être de plus petit poids et de plus petite taille. Les bébés petits prématurés ou simplement nés avant terme étaient plus à risque d’être hospitalisés dans les premiers mois de vie que les autres nés à terme. Les motifs d’admission les plus fréquents étaient des affections gastro-intestinales ou respiratoires. D’ailleurs, les enfants nés entre 33 et 36 SA présentaient un risque accru de sibilants ou d’asthme. Quant aux maladies chroniques, le risque était plus élevé uniquement dans les cas de grande prématurité.
Fin de la dichotomie préma-non préma ?
Ces résultats mettent l’accent sur le fait qu’il est peut-être réducteur de simplifier les choses en parlant de nais-sance prématurée-non prématurée. L’étude montre bien que les risques pour la santé future de l’enfant sont plus importants au fur et à mesure que la prématurité est grande et qu’il existe un effet pour les enfants pourtant non prématurés, mais « nés en avance ». Sur ce dernier argument, les auteurs tempèrent pourtant leurs observations en se demandant quand même si d’autres facteurs ne rentreraient pas en ligne de compte, comme la plus forte proportion de déclenchements et de césariennes au cours des grossesses tardives. Plus que l’âge gestationnel en lui-même, les conditions défavorables intra-utérines pourraient jouer un rôle. Les auteurs insistent sur le fait que les études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ce qui se passe pour ces naissances en avance. Vu que ces enfants demandent plus de soins de santé, il y a fort à parier pour qu’il y ait des répercussions sur les pratiques obstétricales et le suivi pédiatrique à l’avenir.
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