LES RÈGLES trop abondantes, ou ménorragies, représentent un problème fréquent et peuvent altérer la qualité de vie. Cinq pour cent des femmes de 30 à 49 ans consultent un médecin chaque année pour ce trouble menstruel.
Seulement la moitié des femmes consultant pour des règles trop abondantes perdent plus de 80 ml de sang par cycle menstruel, critère traditionnel pour définir les ménorragies. Toutefois, les directives cliniques préconisent maintenant de privilégier la définition, plus centrée sur la patiente, des saignements abondants interférant avec la vie physique, émotionnelle et sociale d’une femme.
Différents traitements sont disponibles. Comparé aux traitements hormonaux et non hormonaux, le stérilet libérant du lévonorgestrel s’est révélé supérieur pour réduire l’abondance des saignements à douze mois de suivi, mais il restait à savoir si cet avantage persiste à long terme ; de plus, on ignorait si ce traitement améliore la qualité de vie.
Six domaines de la vie quotidienne.
L’étude multicentrique britannique ECLIPSE de Gupta et coll., publiée dans le «?New England Journal of Medicine », montre que le DIU au lévonorgestrel améliore la qualité de vie sur une période de deux ans.
Dans cette étude, 571 femmes (de 25 à 50 ans) qui consultaient leur médecin pour des ménorragies (depuis au moins 3 cycles) ont été randomisées de façon à recevoir le DIU au lévonorgestrel (Mirena, Bayer) ou le traitement médical oral (l’antifibrinolytique acide tranéxamique, l’AINS acide méfénamique, estroprogestatif combiné, ou progestérone seule). La majorité des femmes (75 %) sous traitement médical oral ont reçu l’acide tranéxamique et/ou l’acide méfénamique.
Les femmes ayant des fibromes ou d’autres troubles ont été exclues de l’étude.
Le principal critère de l’étude est le score rapporté par la patiente sur l’échelle MMAS* (de 0 – sévèrement affecté?– à 100 – non affecté), un questionnaire qui mesure le retentissement des ménorragies sur 6 domaines de la vie quotidienne (difficultés pratiques, vie sociale, santé psychologique, santé physique, travail et routine quotidienne, vie et relations familiales).
Amélioration du score MMAS.
L’étude montre que le DIU au lévonorgestrel, comparé aux traitements médicaux oraux, procure de plus grandes améliorations dans le score MMAS à 6 mois (augmentation moyenne de 33 points, contre 22 points) et ces améliorations se maintiennent sur une période de deux ans.
Les améliorations sont observées dans les 6 domaines MMAS, ainsi que dans 7 des 8 domaines de qualité de vie générale (critère secondaire).
La différence moyenne du score global (13,4 points) est cliniquement significative, puisqu’elle représente un changement dans 2 ou 3 domaines MMAS : de considérablement affecté à peu affecté (par exemple la perturbation fréquente du travail devient occasionnelle) ou de peu affecté à non affecté (par exemple les tensions dans la vie familiale disparaissent).
Au bout de deux ans, 64 % des femmes utilisent encore le DIU au lévonorgestrel tandis que seulement 38 % des femmes prennent encore le traitement médical.
En revanche, il n’y a pas de différence entre les deux groupes de traitement dans les scores d’activité sexuelle ou dans les taux d’intervention chirurgicale pour ménorragies (autres critères secondaires).
Par ailleurs, les effets secondaires sérieux ne sont pas différents entre les deux groupes.
Les auteurs projettent de suivre la cohorte pendant cinq à dix ans pour évaluer les effets a long terme du DIU au lévonorgestrel sur la qualité de vie.
* MMAS (Menorrhagia Multi-Attribute Scale).
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