L’INFECTION par HPV est sexuellement transmissible : 75 % des hommes et des femmes seront infectés par un HPV au cours de leur vie, mais, dans 90 % des cas, on ne constate aucun symptôme particulier et le virus disparaît spontanément ; il est éliminé en moins d’un an. Cependant, dans environ 10 % des cas, l’infection persiste et peut favoriser le développement de lésions génitales précancéreuses (col de l’utérus, vulve et vagin) chez la femme, et de verrues génitales (condylomes) chez les deux sexes. Les types HPV 16 et 18 sont à haut risque oncogène, ils sont à l’origine d’environ 70 % des cancers de l’utérus en Europe et de la majorité des lésions précancéreuse du col, appelées aussi CIN2/3 ou bien dysplasies cervicales de grade modéré ou sévère. L’évolution des dysplasies en cancer invasif est lente, elle se fait sur une période de dix à quinze ans, d’où l’intérêt des frottis de dépistage en prévention secondaire.
« Aujourd’hui, le cancer du col est un cancer évitable la plupart du temps, grâce à la complémentarité de la vaccination en prévention primaire et du dépistage », rappelle le Pr Philippe Descamps. Deux vaccins sont disponibles : un vaccin quadrivalent et un vaccin bivalent. Mais pour être pleinement efficaces ils doivent être administrés tôt, avant les premiers contacts avec les virus.
Quelques années après l’instauration des programmes de vaccination HPV dans le monde, les premiers bénéfices de la vaccination commencent à être mesurés. L’exemple du Danemark est très éloquent. Depuis huit ans, ce pays a fait le pari d’une prévention du cancer du col par l’association de la vaccination active et du dépistage par frottis. « L’impact positif de ces choix est avéré : une diminution significative de 73 % des lésions cervicales précancéreuses dues à tous types de HPV a été observée chez les jeunes filles vaccinées nées en 1993-1994, et une réduction significative de l’incidence des verrues génitales chez les jeunes filles âgées de moins de 25 ans a été démontrée, constate le professeur qui, en revanche, déplore le mauvais score national. La situation en France est le plus mauvais exemple de l’Europe : après la mise en place depuis sept ans de la vaccination HPV, les données montrent que la couverture vaccinale est très insuffisante. »
Une protection durable et une bonne tolérance
En 2013, seulement 23 % des jeunes filles françaises de 14-15 ans ont initié une vaccination et seulement 17 % ont reçu un schéma vaccinal complet. Fort de ce constat, le Haut Conseil de la santé publique a décidé d’abaisser le début de l’âge de la vaccination HPV de 14 à 11 ans. Par ailleurs, dans le cadre du rattrapage vaccinal, la vaccination pour les jeunes filles et jeunes femmes entre 15 et 19 ans révolus est recommandée. À partir de 25 ans, toutes les jeunes femmes vaccinées ou non doivent continuer à bénéficier du dépistage selon les recommandations en vigueur ; à savoir un frottis tous les trois ans pour les femmes âgées de 25 à 65 ans, après deux frottis normaux réalisés à un an d’intervalle.
En France, les deux outils de prévention primaire et secondaire sont inscrits au plan cancer 2014-2019, mais des peurs et des appréhensions subsistent chez les parents vis-à-vis de cette vaccination. Pourtant, comme tous les nouveaux médicaments depuis 2005, les vaccins HPV font l’objet d’un suivi dans le cadre d’un Plan de gestion des risques européen et d’un suivi renforcé de pharmacovigilance mis en place par les autorités nationales. « Les études ne montrent pas d’augmentation de l’incidence des maladies auto-immunes après vaccination par Gardasil, souligne le Dr Olivier Lescale, directeur médical du Laboratoire Sanofi-Pasteur. À ce jour, plus de 152 millions de doses ont été délivrées dans le monde, dont 5,5 millions en France, et il n’y pas d’éléments remettant en cause le bon profil de tolérance de Gardasil. »
D’autre part, les données d’immunogénicité et d’efficacité de Gardasil disponibles actuellement démontrent une protection prolongée contre les maladies dues aux HPV 6,11, 16 et 18. La protection est durablement assurée pendant environ six ans, et la réponse immunitaire persiste après un suivi de huit ans pour les adolescents âgés de 9 à 15 ans, et de neuf ans pour des femmes âgées entre 16 et 23 ans.
Sanofi-Pasteur annonce aujourd’hui que les résultats provenant d’études de suivi à long terme confirment l’innocuité de Gardasil dans les autres populations étudiées. « Cette mise à jour s’ajoute à l’obtention récente d’une nouvelle indication de Gardasil en prévention du cancer anal et des lésions anales précancéreuses dus à certains types de HPV, poursuit le directeur médical, ainsi qu’au schéma vaccinal en deux doses à six mois d’intervalle chez les 9 à 13 ans inclus. »
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