DE L’AUTRE COTÉ DES ALPES, les officines bougent. Et pas seulement sur le plan économique. Depuis quelques années, en effet, la tendance est au changement, voire carrément au lifting. D’ailleurs, les titulaires ont cogné un slogan qui résume leur nouvelle philosophie : agrandir, embellir pour séduire la clientèle surtout en période de crise. « Nous sommes dans l’ère de la "troisième vague". Les consommateurs, de plus de plus exigeants, sont à la recherche de lieux accueillants, chauds, qui ressemblent à des sortes de cocons », explique Luca Sartoretto Verna. Selon cet architecte qui interprète la voix du consommateur, la pharmacie du troisième millénaire doit prendre ses distances du concept adopté par les grandes surfaces, qui se traduit par des lieux aseptisés où le client n’a pas sa place. « Il faut abolir la frontière qui sépare le pharmacien du consommateur pour faciliter le contact en traçant une sorte de parcours à l’intérieur des officines », affirme l’agenceur. Décryptage : conjuguer tradition et innovation en regroupant les produits par catégorie pour aiguillonner le client et le pousser à multiplier ses achats.
Reste le fait que les transformations sont coûteuses. Pour relooker une officine, en effet, les titulaires ne peuvent pas se contenter d’aller faire un tour chez Ikea. Ils se retournent tout naturellement vers les cabinets d’architectes et les agenceurs, qui transforment souvent la pharmacie en boutique de créateurs. L’effet est d’ailleurs parfois plutôt surprenant. Un arbre très design planté au beau milieu de l’officine étire ses branches vers le plafond et semble servir de panneau indicateur. Généralement en effet, l’idée des architectes est de créer des parcours. Tout autour du périmètre central, des étagères branchées transparentes, en aluminium, voire phosphorescentes pour les plus audacieux ; des plantes sont disposées ça et là pour faire un peu plus atmosphère branchée. Coté éclairage, des phares incrustés dans le plafond afin d’agrandir l’espace, des enseignes lumineuses sur le haut des étagères indiquent la typologie des produits. En ce qui concerne le sol, les avis sont partagés selon les décorateurs. Certains privilégient le parquet clair façon suédoise, d’autres le marbre genre Italie des années trente ou la mosaïque. Coté couleurs, en revanche, pas de couleur coquille d’œuf qui créerait un effet appartement, mais plutôt du blanc cassé qui permet de mettre en évidence les meubles et, surtout, de refléter la lumière.
Les travaux commencent par une visite dans l’officine. Le pharmacien explique ce qu’il veut, notamment au niveau de la présentation des produits qu’il souhaite mettre en valeur, comme la parfumerie, par exemple, un secteur en pleine expansion qui représente environ 40 % du chiffre d’affaires annuel. L’expert, pour sa part, présente ses catalogues, conseille l’ameublement et l’exposition en vitrine, voire aussi les travaux d’élargissement comme l’abattement d’une cloison inutile qui rétrécie l’espace. Selon plusieurs experts du secteur, les pharmaciens changent l’ameublement tous les six ans. « C’est une façon de communiquer avec le client car le relookage de la pharmacie permet de mettre en évidence une ligne de produits pour booster les ventes », explique Luca Guglielmi, responsable du département marketing et communication de Cutolo & Vartoli de Naples. En clair, quelques changements ciblés permettent de consolider un chiffre d’affaires, de donner un coup de pouce à la vente de produits qualifiés de secondaires et, surtout, de fidéliser la clientèle.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
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