L’intelligence artificielle dans le domaine de la santé est une évidence. C’est en tout cas le point de vue de nombreux observateurs pour lesquels les volumes de données de santé sont tels qu’il est possible de les exploiter dans une perspective de médecine prédictive.
Les algorithmes d’intelligence artificielle peuvent en effet utiliser ces données pour diagnostiquer ou prendre en main une pathologie lourde avant qu’elle ne se déclare ou au tout début, et représentent ainsi l’espoir de la recherche médicale actuelle. De nombreuses expérimentations ont lieu à travers le monde, et déjà, on commence à ressentir parfois dans le quotidien l’impact de l’IA dans le domaine de la santé. Y compris en pharmacie, pourtant l’un des maillons du parcours de soins les moins concernés pour l’instant. Mais cela va changer, si l’on en croit Pharmagest, pour qui le rôle des pharmaciens sera essentiel dans le développement de ces nouvelles technologies. « L’efficacité d’une IA repose en grande partie sur les données collectées qu’elle peut exploiter. Les pharmaciens seront un maillon incontournable de cette chaîne de collecte de données. Données liées à la délivrance, bilans de médication, entretiens pharmaceutiques, pharmacovigilance, participation aux actions de prévention et dépistage, voilà autant de données collectées par les pharmaciens qui pourront venir alimenter les bases », peut-on lire dans un article publié par l’éditeur sur son site web.
Identifier des facteurs de risque
Pour l’instant, l’intelligence artificielle prend corps en pharmacie grâce aux initiatives de quelques groupements qui ont mis au point des outils afin d’aider à la prévention de diverses pathologies. Népenthès a été l’un des premiers à se lancer. Annoncé à la fin de l’année dernière, son système de prévention est utilisable dans l’espace de vente de la pharmacie sur une tablette : les pharmaciens pourront proposer à des patients qui le souhaiteraient d’identifier des facteurs de risque grâce à un questionnaire simple à mener, mais en réalité très élaboré qui, à partir de certaines données des patients, sexe, âge, poids, habitudes de vie, alimentation etc… à l’exclusion de données de santé, peut analyser ces facteurs de risque. Et éventuellement conduire à préconiser un certain nombre d’actions. « Cet outil a été conçu par une dizaine de médecins et de pharmaciens », affirme Camille Yammine, Directeur général. « Il fonctionne selon un système d’arborescence, la progression des questions se fait en fonction des réponses précédentes. » Lancés véritablement en septembre de cette année, les premiers retours font état de questionnements relatifs à des problématiques d’alimentation et de sommeil. Cela permet aux pharmaciens de proposer des conseils voire des produits, tels le magnésium, pour lutter contre la nervosité source de problème d’insomnies. Népenthès travaille d’ores et déjà sur la possibilité de répondre à ce questionnaire sur les sites click & collect des pharmaciens du groupement de façon à permettre aux patients de gagner du temps et de répondre tranquillement chez eux. Pour ensuite interroger le pharmacien sur la prévention à mener compte tenu des résultats du questionnaire. Le groupement travaille également sur les possibilités de proposer des conseils associés pendant l’entretien qu’aura le pharmacien avec son patient.
Une démarche active
Cet outil proposé par Népenthès vise aussi et surtout la prévention de pathologies plus lourdes, compte tenu des antécédents du patient, y compris familiaux. C’est aussi le positionnement d’un autre groupement, Les pharmaciens Associés, avec un outil également conçu à partir de l’intelligence artificielle au sein du groupe Astera dont il est filial et qui permet de dépister d’éventuels soucis dans des domaines précis, l’asthme, le diabète, les risques cardiovasculaires, l’apnée du sommeil, l’incontinence ou les problèmes d’audition. Il peut être aussi une aide dans le sevrage tabagique. « C’est une façon de « scorer » le patient et de le sensibiliser sur le risque à ces différentes pathologies », explique Patrick Rémond, directeur du réseau les Pharmaciens Associés. « Cela suppose une démarche active de la part du pharmacien, il faut engager le dialogue avec le patient. » Ces outils ont l’avantage de structurer la démarche des pharmaciens qui s’engagent dans la prévention, mais aussi d’informer les patients des possibilités qu’il y a à utiliser les compétences des pharmaciens dans ce domaine. Et tendre ainsi vers ce qui se fait de mieux dans d’autres pays où la prévention est une donnée plus forte du système de santé. Il faut cependant accepter de prendre le temps de l’expérimentation, l’intelligence artificielle se nourrit aussi des usages qu’on en fait, ce qui explique aussi le manque de précision de son modèle économique. Népenthès ne préconise pas de modèle en particulier, mais en rendant son outil disponible sur Internet, il sera de fait gratuit. Le groupement recommande plutôt les ventes associées au conseil pour rentabiliser le temps passé avec les patients sur ces sujets. Pour les Pharmaciens Associés, l’outil proposé fait partie d’un package global dédié au MAD.
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