XAVIER Lepori est adjoint à Saint-Paul de Fenouillet, un village situé dans les Pyrénées-Orientales. Il a fait ses études à la faculté de pharmacie de Montpellier. Adjoint depuis avril 2011, il a connu la ville et la campagne. Il a effectué l’un de ses stages à Montpellier, dans une grosse pharmacie, et l’autre à Pézenas, « une ville avec une ambiance de village, où tout le monde se connaît ». Désormais, il est retourné dans le village de son enfance et travaille dans l’officine de son père. « Je suis revenu parce que mon père avait besoin de moi », confie-t-il.
Ce qu’il apprécie particulièrement dans l’exercice en milieu rural, c’est la proximité avec les patients. « Ils se confient beaucoup plus à nous. Je trouve cela beaucoup plus plaisant qu’en ville, où on a souvent l’impression d’être là uniquement pour donner les médicaments aux patients. Souvent ils se moquent du reste et n’attendent pas forcément nos conseils. » Travailler avec des patients qu’il connaît depuis l’enfance ne lui a pas posé de problèmes particuliers. « Au contraire, on connaît bien les gens, donc on peut parfois se permettre plus de choses avec eux. Je pense qu’on peut mieux exercer du fait de cette connaissance plus poussée des patients, de leurs habitudes et de leurs pathologies. » Un exercice qu’il qualifie de « familial ». Cependant, il regrette parfois l’animation et la fréquentation de la ville. « À la campagne, il y a moins de monde qui passe. On voit souvent les mêmes cas, même si chaque patient est différent. On a tendance à rentrer dans une certaine routine. Ce qui me plairait, ce serait de travailler dans une zone touristique, à la mer ou à la montagne, ou de racheter une pharmacie dans un endroit de ce type », déclare-t-il.
Meilleur suivi.
Delphine Fetas, quant à elle, ne souhaitait pas rester en ville. « Je suis originaire d’un petit village, je cherchais donc à retourner à la campagne », déclare-t-elle. Diplômée de la faculté de Lyon en 2010, elle est adjointe depuis deux ans à Ceyzeriat, dans l’Ain. « Le principal inconvénient en milieu rural, c’est qu’il faut prendre la voiture pour le moindre déplacement. En revanche, le cadre de vie est plus agréable et les loyers sont moins élevés. » Elle juge aussi qu’il est « plus facile de trouver un poste d’adjoint et de négocier son salaire ».
Concernant le mode d’exercice, elle souligne que les patients « prennent plus le temps d’écouter, ce qui permet un meilleur suivi ». Et, contrairement à Xavier Lepori, elle n’a pas l’impression de traiter toujours les mêmes pathologies. « Nous ne sommes pas très loin d’un centre hospitalier, qui compte de nombreux spécialistes. Nous voyons donc des cas variés », apprécie-t-elle.
Faire ses preuves.
Pour Gauthier Bernard aussi, l’exercice en milieu rural était un choix « aussi bien pour l’exercice officinal que pour la façon de vivre ». Originaire de la campagne également, il désirait y travailler dès sa sortie de la faculté de Besançon, il y a deux ans, et il n’a jamais envisagé d’exercer ailleurs. Adjoint à Gondrecourt-le-Château, en Meuse, il apprécie « le calme, la simplicité et le fait de ne pas être pressé en permanence. Je n’étais pas intéressé par la parapharmacie et l’aspect commercial du métier. Je n’avais aucune envie de travailler sous pression, avec une obligation de chiffre », détaille-t-il. Pour lui, l’exercice rural permet de « se concentrer sur le plus important, c’est-à-dire le patient et le médicament ». Là encore, « proximité » est le premier mot qui lui vient à l’esprit pour qualifier l’exercice rural.
Au quotidien, tout est fait pour mettre le patient « dans les meilleures conditions afin qu’il comprenne sa pathologie et maîtrise au mieux son traitement ». Même la gestion des stocks est adaptée, « afin d’éviter au maximum de faire revenir les patients, qui font parfois jusqu’à trente minutes de route pour venir jusqu’à nous ». À son arrivée, Gauthier a cependant dû faire ses preuves, « Nous sommes dans une zone plutôt isolée et les patients sont très attachés à leur pharmacien. Bien que nous ayons le même diplôme, j’ai parfois été considéré comme un simple employé au début. Certains patients continuent à demander à être servis uniquement par le titulaire », note-t-il. Néanmoins, il se sent désormais bien intégré par la majorité des patients, comme par l’équipe. Il compte bien poursuivre sa carrière à la campagne, « à moins qu’un événement ne m’oblige à me diriger vers la ville », déclare-t-il.
Questions sur les champignons.
De son côté, Émilie Skorzewski, diplômée de la faculté de Nancy depuis 2009, a gardé les deux cordes à son arc : elle travaille à la fois à la ville et à la campagne. Elle occupe un poste à mi-temps à Lunéville, ville de 20 000 habitants, et un autre à mi-temps à Nomeny, village de 1 100 habitants, tous deux en Meurthe-et-Moselle. « J’aime bien les deux modes d’exercice », témoigne-t-elle. Après ses études, elle a d’abord expérimenté les officines de ville, avant de se tourner vers le milieu rural.
Elle aussi apprécie la proximité avec les patients. « Nous avons beaucoup de clients habituels à la campagne. Les gens sont moins pressés qu’en ville, ils discutent plus et prennent davantage le temps de poser des questions sur le médicament. Ils sont souvent plus aimables. » Globalement, elle estime que l’exercice varie peu entre les deux. « C’est presque pareil, à quelques nuances près. Nous donnons beaucoup plus de conseils sur la parapharmacie en ville, alors que, à la campagne, les gens viennent plutôt nous questionner sur les champignons », relève-t-elle.
Maîtrise du patois.
Marie*, adjointe dans un village de Charente-Maritime, juge elle aussi que l’exercice entre ville et campagne n’est, au fond, « pas tellement différent ». « Des clients difficiles, on en trouve partout, déclare-t-elle. En revanche, la clientèle rurale est plus ouverte et à l’écoute de ce que nous avons à dire. Elle n’arrive pas en ayant déjà l’impression de tout savoir. » Diplômée en 1978, Marie a été adjointe, puis titulaire, à Paris, avant de décider de se mettre au vert il y a dix ans, « surtout pour les enfants ». La vie à Paris lui semblait trop stressante et trop dangereuse pour eux. Depuis, elle n’a jamais regretté son choix. « J’habite à 15 km de mon travail et j’ai seulement un feu rouge entre mon domicile et la pharmacie. Cela me change de Paris, où je mettais une heure pour me rendre au travail ! » Elle apprécie le confort de la vie à la campagne, tout en bénéficiant des avantages de la ville de La Rochelle pour ses loisirs et la vie culturelle. Lorsqu’elle est arrivée dans la région, le principal problème qu’elle a rencontré portait sur la compréhension de ses patients. « Je ne comprenais pas le patois, confie-t-elle en riant. Cela m’a posé pas mal de difficultés au début. Ils disaient par exemple "elle me donnera une poche" et il me fallait un moment pour comprendre qu’ils s’adressaient à moi malgré la troisième personne et que cela voulait dire : vous me donnerez un sac en plastique. » Désormais, elle s’est habituée et ne rencontre plus ce genre de désagréments. Par ailleurs, elle a dû mettre à niveau ses connaissances en médecine vétérinaire. « Nous avons beaucoup de questions portant sur les animaux. Les gens ont de tout : lapins, poules, moutons, chèvres, etc. Je me suis renseignée auprès du grossiste pour mieux répondre aux demandes. » Enfin, elle est davantage sollicitée sur le maintien à domicile et le matériel médical. Hormis ces exceptions, « la journée est quasiment la même, qu’on soit en ville ou à la campagne », estime-t-elle.
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