ELLE, Francine, est critique d’art. Lui, Élie, est un ancien médecin (« pire, dit-il avec humour, gendre de pharmacien ! »), ayant également travaillé dans l’industrie pharmaceutique, notamment pour les laboratoires Sandoz et Roussel. Par-dessus tout, ils sont passionnés et collectionneurs. En 1979, ils décident de monter leur première galerie-librairie Saphir (aujourd’hui, il en existe deux en Normandie et deux à Paris). Le grand intérêt d’Élie pour les livres anciens et l’histoire de la médecine explique la large place donnée aux ouvrages traitant des sciences médicales et pharmaceutiques dans la collection mise en vente. Et son implication dans la préservation de la culture juive l’a décidé à dédier le fruit de la vente à la création d’une fondation mémorielle, espérée depuis longtemps, pour la mise en valeur de l’histoire et de la culture juives.
L’image du Juif.
Chaque objet choisi par le couple Szapiro transporte au cœur de l’histoire juive, que ce soient les textes législatifs, religieux et politiques (en particulier relatifs aux persécutions des Juifs, notamment des comptes-rendus d’autodafé) ou les très beaux objets populaires et de culte, telles les lampes de Hanoucca ou les chandeliers de Shabbat.
Le fleuron de la vente (estimé 40 000-50 000 euros) se trouvera être l’émouvant portrait de Sol Hatchuel, cette jeune femme juive condamnée à mort pour avoir refusé de se convertir à l’Islam, peint au XIXe siècle par le très recherché des amateurs, Alfred Dehodencq. On peut également citer de belles pièces évoquant le judaïsme régional français du célèbre peintre alsacien Alphonse Lévy. Enfin quelques rares ouvrages retiendront l’attention des collectionneurs, telle une édition d’un texte d’Hégésippe, datée du XVIe siècle, dont les décorations sont attribuées à Holbein et Dürer.
Ainsi, de manière résumée, la collection reflète le rôle qu’a eu la communauté juive de la diaspora, en particulier en France, en Italie et en Afrique du Nord, et surtout l’image qu’on s’est fait du Juif à travers les siècles, du XVIe au XXe siècle.
Médecins juifs et marranes.
De nombreux traités de médecins juifs et marranes intéresseront les passionnés d’histoire de la médecine, tels les écrits de David Carcassonne, médecin de la faculté de Montpellier, ou un exemplaire du XVIe siècle du traité de toxicologie écrit par le poète grec du IIe siècle av. J.-C. Nicander de Colophon. On s’attardera sur deux figures clefs de l’histoire des médecins marranes. Jacob de Castro, après avoir fui l’Inquisition de la péninsule ibérique, fit carrière à Londres (où Cromwell avait réadmis les Juifs) et travailla sur la variolisation (qui précéda les premières vaccinations jennériennes). Isaac Orobio de Castro, condamné par l’Inquisition espagnole, s’enfuit à Toulouse. Se faisant passer pour catholique, il devint « docteur-régent », c’est-à-dire professeur de médecine, durant un an. Puis, lassé de son masque, il gagna Amsterdam où il fut un des piliers de la communauté juive, combattant avec ferveur les idées de Spinoza et le christianisme, au point que ses arguments furent publiés par le baron d’Holbach. Il y aura aussi des ouvrages du médecin aliéniste Max Nordau et du médecin et philosophe Maïmonide, ainsi qu’un document d’un médecin de Sisteron du XVe siècle, Salomon Nassi, annoté par lui, probablement l’un des plus anciens autographes de médecin juif ayant exercé en France. Plus exceptionnelles encore, la première histoire de la médecine juive et hébraïque publiée en français, la première édition d’Hippocrate en hébreux, publié en 1647, et une édition du XVIIIe siècle d’une encyclopédie hébraïque de vulgarisation des sciences physiques, médicales et métaphysiques, accompagnée d’une étonnante planche anatomique.
Enfin, la pièce la plus curieuse pour l’histoire de la pharmacie, confie Élie Szapiro, semble être le lot 229 qui concerne un ouvrage imprimé à Jérusalem où le traducteur écrit à la fin que les vers du poète « sont très employés comme médicaments dans plusieurs sortes de maladie, en les écrivant sur des assiettes blanches… »
Expositions publiques à l’Hôtel Drouot : mardi 22 mars 2011 de 11 heures à 18 heures ; mercredi 23 mars 2011 de 11 heures à 12 heures.
Tous les numéros de la vente sont visibles sur rendez-vous à l’étude Ader - Nordmann, 3 rue Favart, 75002 Paris. Tel : 01.53.40.77.11.
Le catalogue illustré est consultable sur www.ader-paris.fr ou sous forme d’imprimé sur demande.
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