Arrivé de son Algérie natale en 1992, Mahdjoub Amri a d’abord exercé à l’hôpital avant de découvrir pendant quelques années le monde de l’officine. Cela fait maintenant 10 ans qu’il a réussi le concours de pharmacien territorial.
« Je m’occupe de la prévention infantile, pour les enfants de 0 à 6 ans, notamment pour les vaccinations obligatoires. J’équipe les différents centres médico-sociaux (CMS) et je travaille également beaucoup avec les centres de planification et d’éducation familiale. Ces derniers doivent toujours avoir un stock de pilules et de médicaments à jour pour les consultations. Ils commandent et je dispense », résume-t-il. Un métier dont le fonctionnement est très éloigné du quotidien d’un pharmacien d’officine, en particulier lorsqu’il est question de commander des médicaments. « Pour chaque achat, il faut passer par un marché public. Tous les ans, j’organise une commission médicale avec tous les établissements. Les médecins font des propositions sur les médicaments préventifs qui les intéressent et moi je vois ce qui est faisable ou non. En revanche, mon champ d’action ne concerne que le préventif, pas les médicaments thérapeutiques », souligne Mahdjoub Amri qui a souvent l’occasion de constater que son rôle reste bien obscur aux yeux de ses interlocuteurs. « Mon métier est totalement inconnu des officinaux », admet-il. Il faut dire qu’en France, peu de conseils départementaux décident de s’attacher les services d’un pharmacien territorial, avant tout pour faire des économies. Les prescriptions de médicaments pour les centres municipaux sont ainsi signées, bien souvent, par des médecins propharmaciens.
Environnement inadapté
S’il n’est pas toujours facile pour Madhjoub Amri de faire comprendre à tous ceux avec qui ils collaborent ce qu’il peut faire ou non, l’exercice de son métier s’est encore compliqué depuis quelques mois lorsque le conseil départemental du Gard, son employeur, a changé de locaux. Malvoyant à cause d’une maladie neurodégénérative qui lui a été diagnostiquée en 2007, Mahdjoub Amri est contraint de travailler, depuis maintenant un an, dans un environnement totalement inadapté à sa situation et à la fonction qu’il exerce. « Il n’y a pas de respect pour mon travail, dénonce-t-il. Les 6 premiers mois, mon bureau ne pouvait pas être fermé à clef alors que c’est obligatoire car il y a un frigo qui sert à conserver les vaccins. Je dois demander à la personne qui travaille avec moi de m’accompagner aux toilettes à chaque fois car il m’est impossible d’y aller seul. Depuis le déménagement, tout mon travail est chamboulé. » Pendant de longs mois, une seule solution lui est proposée : travailler à domicile. Inconcevable pour lui alors qu’un bureau adapté existe et pourrait lui être facilement attribué. Après avoir exercé à deux reprises son droit de retrait, le pharmacien territorial a enfin été reçu par la présidente du Conseil départemental à la mi-février. « L’entretien s’est bien passé, on s’est engagé à me trouver une solution. » Ne reste plus qu’à transformer cette promesse en acte. Plus d’un mois plus tard, Mahdjoub Amri n’a pas reçu de proposition concrète. Aujourd’hui, Il attend donc toujours de savoir quand il pourra de nouveau exercer son métier dans des conditions décentes.
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