IL EST quatre heures du matin et la chaleur emplit déjà l’espace. Le chemin serpenté menant à Massada se mérite. Il n’est aucune vue pareille pour un lever de soleil. Orangé, irréel, le ciel paraît embrasé de mille et une pailles. Lieu mythique et fondateur de l’État d’Israël, Massada, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2001, n’est pas simplement un panorama, ni seulement le lieu touristique le plus visité du pays, il est également porteur du récit héroïque selon lequel la population de ce roc dominant la mer Morte a préféré, en l’an 73, se donner la mort plutôt que de se rendre aux légions romaines qui menaient le siège depuis des mois. Au pied de l’ancienne forteresse, là où les troupes venues du puissant empire avaient élu campement, on donne désormais mi-juin un opéra. Cette année, du 12 au 17, ce sera « la Traviata » de Verdi.
En aval, il y a donc la mer Morte et un canal transportant l’eau du Jourdain. Cette eau, à -423 mètres sous le niveau… de la mer, n’est pas seulement riche en symboles bibliques. Elle est aussi chargée d’un sel auquel on prête des millions de vertus. Vingt-et-un minéraux la composent. « Les bains de mer Morte exercent un effet bénéfique sur le psoriasis ainsi que le rhumatisme psoriasique. Le protocole classique comporte deux bains quotidiens, d’une durée de cinq minutes les premiers jours, atteignant 30 minutes en fin de traitement », explique le Dr Marco Harari, dont la clinique se trouve au rez-de-chaussée d’un hôtel situé dans le bassin sud de la mer. C’est également là que sont concentrés 14 établissements hôteliers – dont « les tarifs sont également salés », relèvent avec humour Guy et Agnès, touristes venus la banlieue marseillaise.
Nombreuses sont également les personnes handicapées à se rendre à la mer Morte parce qu’elle permet, en raison du taux de sel qu’elle contient – dix fois supérieur à celui d’autres étendues marines du globe, avec 345 grammes par litre –, de flotter sans effort ni équipement particulier. « Je redécouvre les plaisirs de flotter naturellement », confie Ana, une jeune touriste russe qui a perdu l’usage de ses jambes.
Parée de pouvoirs dermatologiques, l’eau de la mer Morte, dont la salinité extrême exclut toute forme de vie autre que bactérienne, est également exploitée par des marques cosmétiques. Ainsi, Ahava, propriété d’un kibboutz, propose une gamme de crèmes et mousses bien-être, mais également des sachets de boue naturelle de la mer Morte, dont on se tartine à même la plage en Israël.
Accord pour un sauvetage.
Or ce patrimoine est aujourd’hui menacé. L’exploitation industrielle de la potasse, du magnésium et du brome, notamment, issus de la mer Morte, à laquelle s’ajoutent des précipitations annuelles de plus en plus faibles, menacent son équilibre. Le réceptacle de l’eau du Jourdain recule chaque année d’un mètre ! Voilà sept mois, l’État d’Israël, l’Autorité palestinienne et le royaume de Jordanie se sont mis d’accord pour la construction d’un pipeline de 180 kilomètres reliant la mer Rouge à la mer Morte, et d’une station de désalinisation (coût total : 250 millions d’euros) qui sera installée à Aqaba en Jordanie, sur la rive est du lac.
Le désert est une autre beauté de la mer Morte. Les montagnes qui l’entourent offrent un terrain de jeu incomparable pour qui apprécie les balades en Jeep. La plupart des hôtels proposent par le biais de chauffeurs une promenade déroutante sur des plateaux prisés par les cinéastes. Sur le chemin, au creux des montagnes, le chauffeur se fait interprète des traditions bédouines. Pointant une cavité à peine plus haute que le genou et profonde de deux mètres à peine, il invite à la fraîcheur d’une cache à la température isotherme. Alors qu’au dehors le soleil tape à plus de 40° au cœur du printemps, l’aparté se révèle salutaire.
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