Première étape, Durban. Troisième ville du pays, après Johannesburg et Cape Town, avec 3,5 millions d’habitants, la cité, premier port d’Afrique, est également sa capitale balnéaire. La seule où il ne fait pas froid l’hiver ! Son pedigree est flatteur : 320 jours de soleil par an, une immense promenade maritime, des kilomètres de plage et un aquarium célèbre, uShaka Marine World. Y a-t-il des requins ? Oui, mais retenus à 400 m du rivage par des filets de protection, ce qui n’est pas le cas en d’autres endroits de la côte.
Le centre-ville de Durban est cependant assez pauvre en attractions : une place centrale victorienne, entre le City Hall (copie de celui de Belfast) et le Old Court House Museum, et c’est à peu près tout. L’intérêt urbain est ailleurs, comme au marché. Organisé d’un côté par métiers, il tourne au franc bazar de l’autre, avec les échoppes bricolées des sangomas (sorciers zoulous) alignées au-dessus d’un nœud routier et remplies de peaux de bêtes et de poudres de perlimpinpin. Édifiant !
La Jumma Mosque voisine est considérée comme la plus grande de l’hémisphère sud. Elle rappelle que si Durban conserve des pratiques animistes, c’est aussi une ville multiconfessionnelle. La majorité des habitants est chrétienne, excepté la communauté indienne, la plus importante d’Afrique du Sud, hindoue et musulmane. Mais ne vous attendez pas à voir de mixité. L’apartheid a beau être tombé il y a vingt-cinq ans, Blancs, Noirs (80 % de la population) et Indiens vivent toujours de façon séparée. La démarcation s’affiche dans les quartiers noctambules, tels Florida Road (avec cafés et restaurants tendance) et Umhlanga, où s’agrège la minorité blanche.
Des airs de campagne anglaise
L’intérieur du KwaZulu-Natal présente un visage autrement africain. Autour de Pietermaritzburg (capitale de la province) et de ses bâtiments victoriens, voici les Midlands. Oubliée la moiteur subtropicale de Durban, place à la fraîcheur des hautes prairies. Sur ces collines jaunies par l’automne, on croise d’immenses bâtiments d’élevage de poulets et des troupeaux de vaches Nguni, aux cornes effilées. Un monde de Blancs, fermiers anglophones descendants des premiers migrants, auxquels se mêlent de nouveaux propriétaires terriens.
Dans ce décor aux airs de campagne britannique, émaillé de farmhouses pratiques pour une halte, on tombe soudain face au Mandela Capture Site. C’est ici, un peu au nord d’Howick, sur la nationale 3 reliant Durban à Johannesburg, que l’icône de la lutte anti-apartheid, puis premier président de l’Afrique du Sud libre, fut arrêtée, en août 1962. Fiché à l’époque comme terroriste, ce fut pour lui le début d’une captivité de 27 ans, qui le conduira jusqu’à l’île de Robben Island, face à Cape Town. Sur le site, son visage se dessine à travers un jeu de poutres métalliques, tandis qu’un petit musée (un bâtiment définitif doit ouvrir fin 2016) retrace son parcours hors du commun. C’est l’occasion de rappeler que dans cette république où des Noirs de plus en plus nombreux plaident pour l’appropriation des leviers économiques, toujours aux mains des Blancs (le parti des Combattants pour la liberté économique a ainsi le vent en poupe), le personnage majeur de la réconciliation nationale ne fut pas prophète absolu en son pays. Mais il reste une figure incontournable.
Cases zoulous
À ceux qui n’auraient pas le temps d’aller au parc Kruger ni à la réserve d’Hluhluwe-Umfolozi (la plus riche du KwaZulu-Natal), les réserves privées offrent une bonne alternative. La petite Tala Game Reserve permet ainsi d’apercevoir autruches, zèbres, impalas, girafes, hippopotames et le rare rhinocéros blanc.
Les Midlands s’achèvent là où les hautes falaises commencent. La route s’est encore élevée et les fermes ont laissé place au pays zoulou. Les vastes plateaux sont jalonnés de villages épars, où l’on reconnaît les cases ethniques, toutes rondes. Sur les marchés, les femmes vendent leurs produits à même le sol, le visage enduit d’argile. Et tout ce peuple d’aller à pied le long des routes, dans un ballet incessant…
L’itinéraire finit par buter sur la barrière du Drakensberg, redoutables falaises plongeant depuis des plateaux tabulaires, derrière lequels se cache le mystérieux Lesotho. À leurs pieds, le parc Ukhaslamba protège des paysages fabuleux. Terminer le périple à Giants Castle, dans un décor de barres rocheuses parcouru de babouins et d’élans du Cap, confirme la beauté brute du KwaZulu-Natal, un voyage à lui tout seul.
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