RÉSERVE NATURELLE de Grand Cul-de-Sac Marin, sur Grande-Terre, en pleine saison humide. Après une baignade idyllique dans le lagon, le bateau emmène les passagers vers le canal des Rotours, au cœur de la mangrove. Un grain violent saisit l’embarcation qui se faufile entre les palétuviers, rappelant l’histoire peu banale de ce chenal creusé par les esclaves au début du XIXe siècle et emprunté par les chalands transportant le sucre. La nature, l’Histoire, l’agriculture :
la Guadeloupe ne se résume pas à ses plages et à ses hôtels balnéaires.
L’archipel a visiblement d’autres atouts à faire valoir.
Les événements sociaux de 2009 et leur cortège de grèves ont impulsé cette prise de conscience. Desservie par des prix élevés et une image d’accueil dégradée – accompagnés du départ du groupe hôtelier Accor –, la région a dû revoir sa stratégie. Aujourd’hui, elle mise sur la formation des acteurs touristiques pour redorer le blason du service et promeut une offre teintée de développement durable, pour inviter le visiteur à s’intéresser à son patrimoine.
Par chance, la Guadeloupe n’est pas une île mais… des îles. À la Grande-Terre calcaire et collinaire s’oppose, de l’autre côté de la Rivière Salée, la Basse-Terre volcanique et montagneuse, dominée par la Soufrière (1 467 m). Au sud, pointe l’archipel des Saintes, ses voiliers, sa jolie baie de Terre-de-Haut et ses hauts mornes. Au sud-est, voici Marie-Galante, dite la « galette » (car ronde et plate), ses champs de canne à sucre et ses plages splendides. À l’est, enfin, surgit La Désirade, l’île « oubliée », face à l’Atlantique.
Rien de commun, ainsi, entre une randonnée sur la Soufrière luxuriante, au cœur du Parc national de la Guadeloupe et une excursion à la Pointe des Châteaux, cap rocheux désolé et venteux de Grande-Terre, en cours de labellisation « Grand Site de France ». Un gouffre de différence, aussi, entre la forêt tropicale entourant les chutes du Carbet et la découverte des fonds marins en snorkelling ou en plongée de la Réserve Cousteau, de l’îlet du Gosier, des Saintes ou de l’arche sous-marine de Port-Louis. Quant à l’animation, un abîme de tranquillité sépare une fête patronale de village agitée au rythme du planteur antillais et des accords du gwoka (musique traditionnelle guadeloupéenne) de l’absolue sérénité d’une soirée dans un gîte isolé de Baie-Mahault, à La Désirade, l’île-montagne la plus secrète, patrie des fiers pêcheurs et des iguanes.
Sur Basse-Terre et ailleurs, des hébergements écotouristiques émergent et infléchissent à pas feutrés le cliché de l’île farniente. Ils permettent la rencontre d’hommes et de femmes désireux de mieux faire partager la Guadeloupe et leur quotidien. Des hôtels balnéaires – pas toujours récents, si ce n’est bien situés – continuent d’accueillir, pour leur part, ceux pour qui île rime toujours avec tranquille.
Esclavage et canne à sucre.
Et comment ne pas s’intéresser également à l’histoire coloniale ? Aboli en mai 1848, l’esclavage a façonné l’île et organisé son agriculture. Il faut se rendre à Beauport (Grande-Terre), au site du Pays de la canne, pour comprendre les fondements de la culture sucrière et les difficultés qu’elle rencontre aujourd’hui. Et il ne faudra pas manquer l’ouverture, prévue en mai 2015 à Pointe-à-Pitre, du Mémorial ACTe, vaste centre caribéen d’expression et de mémoire de la traite et de l’esclavage. Face au terminal de croisières, ce complexe muséal à l’allure futuriste, en front de mer, devrait renforcer l’image culturelle de la destination et commencer à redonner ses lettres de noblesse à Pointe-à-Pitre.
En Guadeloupe, le patrimoine urbain est certes assez délabré, des quartiers sont toujours à éviter le soir, le rapport qualité-prix est encore perfectible, de même que la propreté des plages. Mais l’archipel offre peu à peu aux visiteurs curieux une chance nouvelle d’approfondir, mieux qu’en faisant des ronds dans l’eau, une partie de la réalité caraïbe.
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