« ll y a peu, seul le microbiote vaginal était pris en compte en cas d’infection de la sphère uro-génitale. Aujourd’hui, c’est nouveau, on se préoccupe également des autres microbiotes - intestinal, cervical, vésical, vulvaire, endométrial - avec lesquels il communique, se félicite le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et andrologue à l’Institut Fournier (Paris). Le microbiote vaginal « hérite » notamment d’un certain nombre de bactéries et levures du microbiote intestinal, comme le champignon Candida albicans, à la faveur d’un déséquilibre de la flore vaginale dû à différents facteurs. » Diminution de la sécrétion d’œstrogènes à la ménopause, pilule progestative, tabac (à partir de 4 cigarettes par jour), hygiène intime inadaptée (produits antiseptiques décapants), prise fréquente d’antibiotiques ou d’antifongiques, sexualité (changement ou multiplicité de partenaires), stress, surpoids, vêtements trop serrés, manque d’exercice physique… autant de causes de dysbiose, d’inconfort vaginal, d’infections comme la vaginose bactérienne, certaines mycoses ou encore les cystites.
Des probiotiques pour préparer la ménopause
Un déséquilibre de la flore vaginale facilite également l’acquisition et le développement d’infections sexuellement transmissibles (IST) ou virales (VIH, herpès…). Une vaginose peut aussi aggraver l’évolution d’une infection du col de l’utérus par le papillomavirus. « Chez la femme enceinte, la dysbiose vaginale favorise la prématurité et l’infection du placenta et du liquide amniotique au moment de l’accouchement. Avant d’arriver au stade de la grossesse, c’est une cause d’infertilité et d’échecs de la FIV, détaille le Dr Bohbot. À la ménopause, ce déséquilibre augmente directement le risque de syndrome génito-urinaire (SGUM), nouvelle appellation de l’atrophie vulvo-génitale ou uro-génitale. »
En plus des mesures de prévention comme l’arrêt du tabac et l’utilisation de produits d’hygiène intime doux, les probiotiques ont ici un intérêt certain aux différentes périodes de la vie. « L’idéal est de préparer la ménopause avec des probiotiques dès les premiers troubles des règles, conseille l’infectiologue. En associant des probiotiques aux antibiotiques, on peut aussi limiter toute forme de dysbiose et, quand une infection vaginale est installée, accompagner le traitement de probiotiques, dès le premier épisode. À titre personnel, je traite même directement avec des probiotiques. » Plus précisément, des souches de lactobacilles capables d’inhiber l’adhésion et/ou la colonisation de Candida et de bactéries et de renforcer les fonctions de la flore vaginale comme L. helveticus et L. plantarum.
D'après une conférence organisée par le Laboratoire PiLeJe.
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