LES SYNDICATS d’officinaux sont désormais fixés sur le nom de leurs interlocuteurs au gouvernement. Après la victoire du parti socialiste aux élections législatives, dimanche dernier, François Hollande a reconduit Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre. Celui-ci doit présenter dans la journée un nouveau gouvernement. La nouvelle équipe devrait très vraisemblablement ressembler à l’ancienne, car les ministres qui briguaient un poste de député ont tous été élus ou réélus. En fait, seulement deux ou trois nouvelles têtes pourraient faire leur apparition. Du coup, tout porte à croire que Marisol Touraine restera aux commandes du ministère de la Santé et les discussions avec les pharmaciens vont pouvoir commencer. Les trois syndicats, qui souhaitent rencontrer sans tarder la nouvelle ministre, ont défini quelques dossiers prioritaires.
Rémunération.
À commencer par la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013, qui sera examiné à l’automne par l’Assemblée nationale où ne siègent plus que quatre titulaires d’officine (voir notre article en page 3). En effet, les mesures envisagées sur le médicament, tel de nouvelles baisses de prix, doivent être prises en compte afin de rédiger l’avenant à la convention permettant la mise en place d’honoraires dans le courant de l’année prochaine. « S’il y a un plan médicament à hauteur de celui prévu pour 2012, voire supérieur, il sera nécessaire d’accorder son impact pour l’officine et les futurs honoraires », explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour l’heure, l’objectif est de transférer sous forme d’honoraires environ 700 millions d’euros de marge commerciale dès l’année prochaine, soit à peu près 12,5 % de la rémunération actuelle. Or, si de nouvelles dispositions sur les prix et les volumes sont décidées, des ajustements seront nécessaires afin de ne pas pénaliser davantage l’officine. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) prône, lui, la signature d’un contrat avec l’État pour les cinq ans à venir. « Ce contrat fixerait la marge des pharmaciens sur cinq ans, quelles que soient les actions prises sur le poste médicament, détaille-t-il. C’est notre premier objectif avec le gouvernement : fixer un cadre politique. Avec l’ancienne équipe, nous avions défini les bases, mais rien n’avait été écrit sur la méthode. »
Maisons de retraite et holdings.
Autre sujet à aborder en priorité pour les syndicats, celui des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). En effet, les questions de la réintégration ou non du budget médicament dans les forfaits de soins des EHPAD, du pharmacien référent, ou de la préparation des doses à administrer (PDA) ne sont toujours pas réglées. Pas moins de quatre textes législatifs sont en attente, souligne Gilles Bonnefond, qui insiste sur la nécessité d’y associer un cadre économique. « Personne ne peut faire de la PDA gratuitement », insiste-t-il.
Les syndicats de pharmaciens entendent également attirer l’attention du nouveau gouvernement sur l’urgence à traiter le dossier des holdings de pharmacie, ou SPF PL*. En effet, rappelle Françoise Daligault, présidente de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), le Conseil d’État a enjoint le Premier ministre à se prononcer d’ici au mois de septembre sur la nécessité ou non d’édicter un décret prévoyant des règles particulières permettant d’assurer le respect de l’indépendance de certaines professions, dont celle de pharmaciens. « Sans cette réponse, il n’y aurait plus de cadre », prévient de son côté Philippe Gaertner.
Vente sur Internet et rétrocession.
L’USPO souhaite aussi que les pouvoirs publics confirment le maintien du monopole pharmaceutique et interdisent une bonne fois pour toutes la vente de médicament sur Internet. « Le gouvernement dispose de six mois pour prendre une telle disposition, souligne Gilles Bonnefond. Nous attendons du courage politique sur ce dossier. »
Le président de l’USPO, mais aussi la présidente de l’UNPF, font également de l’autorisation de la rétrocession de spécialités en officine une priorité. Actuellement non-autorisée par le code de la santé publique, cette pratique expose à de lourdes sanctions : jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amendes. Pour Françoise Daligault, il s’agit avant tout de permettre aux pharmaciens d’acheter groupé afin de proposer des prix compétitifs.
On le voit, les dossiers en attente sont nombreux. Espérons que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault les inscrira rapidement à son ordre du jour.
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