LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quel bilan tirez-vous de votre mandat à la tête de l’AFIPA ?
VINCENT COTARD.- Au-delà de mon propre bilan, j’estime que c’est le bilan de la médication officinale qui a été positif. Elle est désormais au cœur de nombreux débats, jusqu’aux très actuelles Assises du médicament. Indéniablement, l’automédication occupe aujourd’hui une place dans le système de santé plus importante qu’hier. Plusieurs actions ont été menées ces dernières années pour confirmer cette évolution, telle la mise en place du libre accès il y a un peu plus de deux ans, le débat sur la place du médicament grand public sur internet, la réflexion sur la terminologie du SMR insuffisant ou encore celle sur la protection des données lors des switches. Au total un certain nombre de sujets ont été posés sur la table. De plus, ces douze derniers mois ont vu l’arrivée de quelques switches importants, Alli, les IPP, le Brevoxyl… Quant aux chiffres du secteur, on observe que trois des quatre dernières années ont affiché une croissance supérieure au marché global du médicament. Par ailleurs, si l’activité a été faible l’an passé, dans un contexte économique et politique somme toute difficile, force est de constater que les prix consommateurs ont été régulés puisque les augmentations de tarifs ont été inférieures à l’inflation. Globalement, on peut dire que l’automédication s’est inscrite dans une nouvelle dynamique. Que le train est en marche.
Le concept du « libre accès » semble un peu marquer le pas dans les officines françaises. Était-ce vraiment une bonne idée ?
On n’a jamais dit que le libre accès était la seule clé du développement de l’automédication. Nous pensons en revanche qu’il constitue un message clairement identifiable par le grand public, facteur d’évolution des comportements. En cela c’était une bonne idée. Si aujourd’hui on peut en effet regretter que seulement 50 à 60 % des officines l’aient mis en place, et que le concept n’avance pas assez vite, on observe en même temps que, en seulement trois ans, le comportement du patient a nettement évolué. Si je me suis battu sur ce dossier, ce n’était pas pour obtenir une croissance exponentielle du marché, mais plutôt pour contribuer à un changement des comportements et des habitudes du grand public et des pharmaciens. Ceci étant dit, peut-on se satisfaire d’une liste de 350 produits sur 3 000 éligibles sur la liste des médicaments admis au libre accès ? Non. Voilà pourquoi il faut continuer de se battre pour que les autorités accélèrent leur processus de validation. Il va falloir, tant du côté des industriels que des autorités, que les choses s’accélèrent.
Pensez-vous que le monopole pharmaceutique de vente de l’OTC pourra continuer longtemps de tenir le coup face aux pressions de la grande distribution ?
Il est vrai que l’AFIPA revendique clairement le monopole de l’officine en France, mais ce n’est pas forcément la bonne façon de poser le problème. Il faut être plus positif que défensif. Le circuit officinal dispose d’un certain nombre de valeurs ajoutées. Les études sont claires là-dessus : en terme de proximité, la France a le meilleur maillage, la sécurité, la traçabilité, la pharmacovigilance sont d’autres atouts forts. Notre circuit est sûr. La preuve en est que, depuis la mise en place du libre accès, la pharmacovigilance ne s’est pas envolée. Et puis il y a bien sûr la notion de service et de conseil qui valorise le réseau. Ces valeurs ajoutées sont ce sur quoi l’AFIPA se bat. La proximité, la sécurité et le conseil, voilà les valeurs que nous devrons continuer de défendre, plutôt que de protéger le pré carré du monopole.
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