LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- La réforme du médicament propose un durcissement des conditions d’octroi de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments, avec la prise en compte de la « valeur ajoutée thérapeutique ». Craignez-vous que cela nuise à l’innovation ?
CHRISTIAN LAJOUX.- Nous allons être vigilants sur cette proposition, que le ministre souhaite voir appliquée à l’Europe. De nombreux médicaments d’innovation bénéficient déjà d’études contre un comparateur de référence, mais il n’en existe pas toujours. Nous attendons de voir comment le gouvernement va gérer la phase de transition, tant que l’Europe n’a pas adopté cette proposition. Nous souhaitons que la France puisse continuer à garantir l’innovation thérapeutique au bénéfice des patients qui en ont le plus besoin.
Le ministre de la Santé souhaite qu’un médicament qui prétend à remboursement prouve qu’il est au moins aussi efficace que le médicament de référence, s’il existe. Qu’en pensez-vous ?
Si le ministère de la Santé donne les pleins pouvoirs à la commission de transparence (CT) pour gérer ce dossier, il est évident que nous sommes inquiets, car nous ne connaissons pas les critères sur lesquels elle se base pour rendre ses avis. Ils peuvent varier d’une commission à l’autre, d’une période à l’autre, ce qui pousse certains industriels à préférer retirer leur dossier. Nous constatons une absence de clarté sur les missions de la commission de transparence, qui empiètent même parfois sur le rôle des commissions de pharmacovigilance et d’AMM.
La réforme du médicament prévoit une refonte de la visite médicale, quelle est votre position à ce sujet ?
C’est un sujet de préoccupation majeur. En France, nous avons déjà une visite médicale très encadrée, avec beaucoup d’exigences que l’on ne retrouve pas dans d’autres pays. La visite médicale collective existe déjà en partie à l’hôpital, mais le ministre veut la généraliser, ce qui n’est pas forcément judicieux. De plus, un procès injuste est fait aux médecins, que l’on accuse de ne pas faire la différence entre une information de bonne et de mauvaise qualité. Ils ne sont pas passifs par rapport à la visite médicale, contrairement à ce qu’on veut faire croire. Au niveau international, cette stigmatisation de la visite médicale est un signal très négatif pour l’attractivité de la France. J’ai néanmoins noté que le ministre était prêt à discuter sur ce sujet et je suis tout à fait disposé à saisir cette main tendue.
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