EST-CE une « love story » qui a prétexté la création du laboratoire Mayoly-Spindler ? C’est en tout cas une belle union qui est à l’origine d’un des fleurons de l’industrie pharmaceutique française, un groupe qui fête aujourd’hui ses 83 ans d’existence. Mais, en 1929, l’année de la fameuse crise, la structure n’est encore qu’en gestation. Gaston Mayoly, son initiateur, est alors un pharmacien de 38 ans exerçant en plein Paris, place Victor-Hugo, dans sa propre officine. Récemment marié à Mlle Spindler, également pharmacien, il projette de donner à ses préparations officinales une dimension industrielle. Pour ce faire, il fonde son entreprise, à laquelle il donne deux noms : le sien, bien sûr, mais aussi celui de son beau-père, M. Spindler, à qui il souhaite rendre hommage. Ainsi naît le laboratoire Mayoly-Spindler. Et, tout de suite, l’édifice entre en action. En 1930, quatre spécialités - qui sont encore commercialisées aujourd’hui - sont lancées sur le marché : sous la marque Euphon, des gouttes et un sirop contre la toux et l’aphonie ; un baume antidouleur Baume Aroma ; Borostyrol, un antiseptique à usage local voué au traitement des aphtes, gingivites et blessures de la cavité buccale ; Pérubore, enfin, un antiseptique et décongestionnant des voies respiratoires présenté sous forme de comprimés. Fidèle à sa formation et à sa pratique de la phytothérapie, qu’ont affûté des années d’exercice à l’officine, Gaston Mayoly développe des produits essentiellement à base de plantes. Des actifs végétaux qui répondent à une tendance émergente portant le public à rechercher des traitements aussi efficaces que naturels. En la matière, Pérubore est un exemple du genre. Sa formule originelle abrite pas moins de quatre substances directement issues d’espèces végétales, aussi variées que le thym, le romarin, la bergamote et la lavande. Présents dans la composition sous forme d’huiles essentielles, ces actifs sont secondés de thymol - un phénol contenu dans l’huile de thym - et de baume du Pérou, produit de la résine du Baumier. Un complexe détonant qui démultiplie les effets, antiseptique massif et puissant décongestionnant des voies respiratoires.
Rebondissements.
En toute logique, Pérubore est dédié au traitement des rhumes et affections rhinopharyngées, sinusites, grippes, rhinites, coryzas, chez les adultes et les enfants de plus de 12 ans. À son lancement, il se présente sous forme de comprimés, une galénique qui doit lui assurer « un transport facile et un emploi rationnel ». Son mode d’administration peut suivre trois voies : l’inhalation, la pulvérisation et le gargarisme, le comprimé étant prévu pour se délayer progressivement dans l’eau bouillante pendant la durée du procédé, garantissant à la formule « une efficacité thérapeutique constante et sans égale ». Voie d’administration naturelle, l’inhalation s’avère particulièrement appropriée au traitement des voies respiratoires. La vapeur d’eau permet en effet de diffuser immédiatement dans la sphère ORL les principes actifs contenus dans les essences végétales. Leur action apaisante et décongestionnante des muqueuses nasales est alors démultipliée.
Dès son lancement, Pérubore s’impose comme un acteur majeur de la médication familiale. Il va pourtant connaître bien des évolutions… De statut, tout d’abord, puisque sa commercialisation nécessite la délivrance d’un visa, qui lui sera attribué en 1944, avant que ne soit enregistrée sa demande d’autorisation de mise sur le marché, en 1970. Sa composition va également connaître quelques changements. Deux de ses composants vont ainsi être supprimés : l’essence de bergamote, qui présente un risque de photosensibilisation, et le baume du Pérou, qui, indépendamment de Pérubore, a montré certains effets allergisants. Dans un souci de parfaite innocuité, la formule est donc révisée.
Très récemment, enfin, sa présentation galénique s’est totalement transformée pour adopter la forme de capsule. Une galénique qui répond aux exigences des huiles essentielles. Très volatiles, ces essences nécessitent des conditions de conservation très strictes pour préserver leurs propriétés. Ce que l’usage unitaire de la capsule permet bien plus qu’un conditionnement en vrac, qui impose une utilisation à court terme après ouverture. Désormais, la posologie se limite à l’utilisation d’une capsule par inhalation, là où deux comprimés étaient exigés pour le même traitement. La boîte contenant le médicament s’en trouve bien sûr allégée, puisqu’elle ne contient plus que 15 capsules permettant le même nombre d’inhalations que l’ancienne présentation.
Une révolution quand on pense aux conditionnements de la première heure ! Trois tubes de verre abritant chacun 10 comprimés rangés dans une boîte cartonnée. Puis ce fut une boîte métallique contenant 30 comprimés en vrac qui protégea le médicament, avant que ne lui soit préféré un étui en carton. Ses propriétaires, pas moins que leur produit phare, n’ont dérogé à la loi de l’évolution qui a vu le Dr Jean-Marie Vernin reprendre les rênes du Laboratoire Mayoly-Spindler, en 1975. La même lignée familiale préside toujours au devenir d’un laboratoire qui figure aujourd’hui au tableau d’honneur de l’industrie pharmaceutique française. Centrées sur la gastro-entérologie, ses activités prévoient également la pérennisation de ses produits dans les domaines de la rhumatologie, de l’ORL, de la médecine générale, de la santé publique, mais aussi de la dermocosmétique avec la marque Topicrem.
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