AU PLUS CHAUD de l’été, à l’âge de 87 ans, le président fondateur du groupe Pierre Fabre s’éteignait à son domicile de Lavaur (Tarn). Un départ unanimement salué. Par ses pairs, bien sûr, représentés par Isabelle Adenot, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, par les élus locaux de la région chère à son cœur, tel Bernard Carayon, maire de Lavaur (Tarn), et par le président de la République lui-même qui déclarait voir en l’homme « un entrepreneur exceptionnel, en avance sur son temps ». Il faut dire qu’au décours d’une carrière exemplaire d’un demi-siècle, le pharmacien tarnais avait bâti un véritable empire industriel que le monde de la pharmacie, et même au-delà, respectait autant qu’il l’admirait.
C’est en 1951, et dans sa ville natale de Castres, que débute l’aventure de ce jeune diplômé de 25 ans. En achetant une officine (encore active aujourd’hui), Pierre Fabre fait ses premières armes dans la profession. Mais s’il aime le comptoir, cet hyperactif ne s’en contente pas. Et c’est en inventant le premier veinotonique (Cyclo 3) à base de petit-houx, que le pharmacien d’officine devient industriel du médicament. Dès lors, la passion du développement pharmaceutique ne le quittera plus. Le succès de Cyclo 3 sera, en 1962, la première pierre du Laboratoire Pierre Fabre. Suit une série d’acquisitions heureuses, guidées par l’intuition, telles celles des marques Klorane (1965), puis Ducray, en 1969, ou René Furterer (1978). Le Groupe Pierre Fabre étend ainsi sa vocation purement thérapeutique au domaine de la dermo-cosmétique. Comme une officine modèle, l’éventail des produits au catalogue du groupe doit pouvoir satisfaire la plupart de ses clients... et confrères.
Visionnaire et prévoyant.
Son ancrage régional fidèle a guidé celui qu’on appelait le « maître de Castres » à s’engager parfois dans des domaines bien éloignés de la pharmacie. Soutien financier depuis 25 ans du club de rugby Le Castres Olympique (CO), il a aussi investi dans les médias (Valeurs actuelles, La Dépêche du Midi...). Mais l’une de ses plus belles réussites est peut-être la « résurrection », en 1990, de la station thermale d’Avène, et l’eau du même nom, à laquelle il offre une des gammes de cosmétiques qui compte aujourd’hui parmi les plus abouties.
Malgré ces réussites, ou peut-être à cause d’elles, l’homme se veut discret. Certains le trouvent autocrate, d’autres le disent timide et adepte du secret, mais tous saluent ses talents de visionnaire. Visionnaire, il l’aura été jusqu’au bout. Car ce célibataire sans descendance ne voulait pas qu’après sa mort son groupe, enfant de son succès, subisse le sort de la plupart des laboratoires familiaux. Il y a une petite dizaine d’années, il a ainsi fait don de 66 % du capital du groupe à une fondation d’utilité publique qui porte son nom. L’usage de cette disposition, permise par un amendement qui autorise une fondation à détenir plus du tiers d’une société privée, vise à assurer l’indépendance et la pérennité de son entreprise. Quant aux 27 % de parts qu’il détenait encore, elles devraient revenir également à la Fondation désignée comme légataire universelle.
Visionnaire et prévoyant, Pierre Fabre avait aussi su s’entourer d’hommes et de femmes de confiance. Sans surprise, c’est donc Pierre Revol, le plus proche conseiller du fondateur, qui occupe désormais le siège de président de la Fondation et celui de Pierre Fabre Participations (actionnaire de contrôle de Pierre Fabre S.A.). Bertrand Parmentier est quant à lui nommé Directeur Général de Pierre Fabre S.A. Il remplace Didier Miraton, ancien dirigeant de Michelin, qui avait pris ses fonctions en octobre 2012. Fidèle à la volonté de leur fondateur, les laboratoires Pierre Fabre ont ainsi mis en place une gouvernance susceptible d’assurer la pérennité et l’indépendance du groupe.
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