Beyfortus (nirsévimab), traitement préventif de la bronchiolite du nourrisson, est pris en charge en intégralité à la maternité. Mais pas en ville, où son taux de remboursement est de 30 %. Un taux jugé irrecevable par les sociétés de pédiatrie.
À la maternité, Beyfortus (nirsévimab, Sanofi Pasteur) est pris en charge à 100 %, dans le cadre du forfait hospitalier de l’accouchement. Mais pour les parents qui ont voulu attendre et faire immuniser leur enfant en ville, la note est plus salée. En effet, son taux de remboursement n’est alors que de 30 %. Le médicament étant vendu 401,80 euros, le reste à charge pour les parents peut être élevé. D’ailleurs, « de nombreuses familles, incapables de payer le ticket modérateur qui leur reste à charge, environ 300 euros, rapportent que plusieurs mutuelles ne remboursent pas ou partiellement », soulignent, dans un communiqué, plusieurs organisations de pédiatrie, dont la Société française de pédiatrie (SFP) et l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
Pour les pédiatres, « cette décision de limiter le remboursement apparaît incompréhensible et irrecevable ». Ils ajoutent qu’il est « primordial, d’un point de vue éthique et de santé publique, de protéger tous les nourrissons et nouveau-nés, y compris les plus précaires et les plus vulnérables. En effet, si les mutuelles refusent la prise en charge de Beyfortus, les familles les plus aisées auront toujours les moyens de payer et protéger leur enfant. Mais pas les familles les moins favorisées. »
Pourquoi Beyfortus n’est-il remboursé qu’à 30 % ? Cette décision repose sur l’évaluation menée par la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de santé (HAS), qui a considéré que l’amélioration du service médical rendu (ASMR) de Beyfortus était « mineure ». L’instance a pris en compte les données enregistrées la saison dernière, témoignant d'une nette baisse des hospitalisations grâce au Beyfortus. Mais elle constate aussi un manque de données probantes sur les conséquences les plus lourdes à gérer pour les hôpitaux, en particulier les passages en soins intensifs. L’instance relève ainsi « l’absence de données permettant d’étayer un éventuel impact de Beyfortus en termes de réduction de la durée d’hospitalisation, de transfert en unité de soins intensifs ou en réanimation et de mortalité ». Les pédiatres espèrent que « la HAS, qui doit rendre prochainement un nouvel avis, aura pris la mesure des enjeux sanitaires et éthiques que constitue l’accès à ce progrès médical tant attendu par les plus jeunes enfants, leurs familles et leurs soignants ».
Néanmoins, malgré les inquiétudes des pédiatres, Sanofi avait estimé fin octobre qu'un bébé éligible sur deux avait déjà reçu le Beyfortus.
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