LA FRANCE a trois ans pour redresser la barre. Dans les pharmacies françaises le médicament générique ne représente qu’une boîte sur trois, contre trois sur quatre au Royaume-Uni et en Allemagne. Un plan triennal conclu le 24 mars entre le ministère de la Santé et pas moins d’une quarantaine d’acteurs, dont les pharmaciens (voir encadré), a pour ambition d’augmenter de cinq points dans les trois ans la part des prescriptions dans le répertoire, pour atteindre 45 % du volume total du médicament remboursable. Une progression record qui se traduirait par une économie de 350 millions d’euros.
Convaincre l’hôpital.
Centré sur sept axes, eux-mêmes déclinés en une trentaine d’objectifs, ce plan triennal ne pourrait être qu’une mobilisation de plus pour le générique. Mais à y regarder de plus près, cette « profession de foi » est ce que le générique a connu de plus complet et de plus pragmatique dans son histoire.
La majorité des acteurs - à l’exception de deux syndicats de médecins et des associations de patients - ne s’y sont pas trompés. Ils ont souscrit à un plan qui a le mérite de mobiliser tous les vecteurs de pénétration du générique, y compris le grand oublié des précédentes opérations, l’hôpital. Identifié comme gros consommateur, mais aussi comme prescripteur de 6,25 milliards d’euros de médicaments dispensés en ville, l’hôpital occupe le principal volet du dispositif.
Parmi les mesures en direction des établissements hospitaliers, et à moindre échelle des EHPAD*, on trouve la mise à disposition de conditionnements unitaires, une pratique que les génériqueurs ignoraient jusqu’alors et qui les défavorisait dans les appels d’offres.
De manière plus politique, les tarifs des laboratoires princeps seront encadrés afin de ne plus pouvoir « utiliser le marché hospitalier pour gagner le marché de ville ». Autrement dit, la pratique des prix discounts sur les princeps à l’hôpital sera désormais proscrite. En effet, celle-ci favorisait par la suite leur prescription aux patients en ville.
Décomplexer la DCI.
La majorité des actions du plan gravite autour des molécules. Applicable depuis le 1er janvier 2015, la prescription en dénomination commune internationale (DCI) est déjà obligatoire pour la médecine de ville. Désormais, c’est l’hôpital qui est visé. La DCI et la prescription dans le champ du répertoire y seront désormais fortement encouragées. Pour les prescriptions de sortie et de consultations externes, un taux prévisionnel de génériques inscrits au répertoire sera défini. Des outils, comme l’utilisation de logiciels d’aide à la prescription (LAP) et des ordonnances « protocolarisées par pathologie » aideront à atteindre ces objectifs.
En retour, la pénétration des génériques sera suivie par des indicateurs. Cette promotion du générique à l’hôpital devrait avoir nécessairement des répercussions sur son acceptation par le patient, et par conséquent sur son ordonnance de ville. Cependant ces efforts seraient vains s’ils n’étaient relayés en médecine de ville par une évolution de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Inscrite au plan, elle devra inclure des objectifs de prescription dans le répertoire et l’utilisation de LAP.
Valoriser le pharmacien.
Pour pléthorique qu’elle soit, cette longue liste de mesures restera sans effet si les praticiens n’adhèrent pas à la cause du générique. Par ailleurs, l’absence au bas du plan du paraphe des principaux syndicats de médecins libéraux, y compris des généralistes, suscite quelque inquiétude auprès des signataires. L’essor du générique risque d’être hypothéqué par le refus des prescripteurs de se plier au principe de la prescription dans le répertoire. Et il ne faut pas compter sur la menace de contrôle des « NS » abusifs pour les intimider. Ni sur les patients encore réticents, qu’une campagne de communication de grande envergure tentera convaincre d’ici à la fin de l’année.
Reste le pharmacien. Identifié comme l’expert des médicaments et le référent dans l’accompagnement pour l’observance des traitements, il sera associé à cette opération d’envergure. Le plan compte sur lui pour poursuivre son « engagement à la substitution responsable ».
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