ON LE SAIT, les pouvoirs publics ont les yeux rivés sur les montants des contrats de coopération commerciale accordés aux officinaux, en particulier par les génériqueurs. Pour eux, l’équation est simple : récupérer une bonne partie de ces sommes en baissant les prix des génériques. En effet, imaginent-ils, si les fabricants sont capables de verser de telles primes, c’est qu’ils ont la possibilité d’assumer de nouvelles réductions tarifaires. Le conseil d’administration de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) anticipe cette décision et propose, plutôt que de supprimer purement et simplement les contrats de coopération commerciale, de déplafonner les remises aujourd’hui limitées à 17 % sur les médicaments génériques et les spécialités soumises au TFR, comme le préconisait d’ailleurs un rapport de l’IGAS sur la pharmacie d’officine. « Ce plafond avait été mis en place au moment où le marché des génériques n’était pas encore stabilisé, explique son président, Gilles Bonnefond. Ce marché étant devenu mature avec des laboratoires pharmaceutiques bien implantés, ce plafonnement n’est plus légitime et nous proposons une libéralisation des remises sur les génériques et les médicaments concernés. »
Une proposition qui n’est pas du goût de tout le monde. Dans un communiqué, l’association de pharmacie rurale (APR) réagit vivement, jugeant qu’il s’agit d’une dérégulation, « à cette heure irréaliste et destructrice ». « Irréaliste, car la nation attend de nos tutelles à la fois un contrôle de l’utilisation des budgets sociaux et une modération de leur montant, souligne son président, Albin Dumas. Il ne sera jamais question pour le gouvernement d’accorder des surmarges aux pharmaciens. Destructrice pour le réseau officinal, parce que la libéralisation demandée, qui sera inéluctablement accompagnée d’une aggravation de la pression sur les prix de remboursement, se fera au profit des plus gros donneurs d’ordre et au détriment des officines petites et moyennes qui sont déjà les premières victimes de la dégradation actuelle. »
Au-delà des dangers d’une déréglementation des remises, le président de l’APR estime que cette prise de position de l’USPO (partagée selon lui par l’UNPF* dans une circulaire adressée à ses adhérents) est de nature à discréditer l’intersyndicale récemment créée dans les négociations. Aussi, appelle-t-il au « maintien d’une discipline intersyndicale ». Et de recommander à ses confrères syndicalistes « de ne pas demander de mesures de dérégulation précipitée en l’absence d’honoraires et de rémunérations susceptibles de prendre le relais des marges commerciales qui font jusqu’ici l’essentiel des revenus de l’officine ». Rappelons que pour sa part, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) préconise de faire basculer une plus grande proportion des ressources des pharmaciens dans le giron de l’assurance-maladie, afin de rendre moins dépendant les revenus des officines des conditions commerciales. « Le paiement à la performance est pour nous un excellent exemple de ressources affectées aux pharmaciens par l’assurance-maladie pour valoriser son action en faveur du développement du générique », indiquait récemment Philippe Besset, vice-président de la FSPF.
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