En mettant en place un usage encadré de la mention non substituable (NS) et en instaurant la prise en charge au prix du générique pour le patient qui souhaite le princeps sans justification médicale, le gouvernement a voulu créer les conditions favorables au développement du générique. Une intention louable saluée par le GEMME. Mais l’association de génériqueurs s’inquiète des effets collatéraux de ces mesures. Le risque repose sur la stratégie que risquent de développer les laboratoires princeps. Pour rester compétitifs, ils pourraient faire converger – voire aligner – leur prix vers celui des génériques. Dans ce cas, il n’y aurait aucun reste à charge pour le patient qui préfère se voir délivrer le princeps plutôt que le générique. Pire, le pharmacien perdrait toute justification à délivrer un générique plutôt qu’un princeps. Dans le « scénario du pire », le générique n’a plus de raison d’être, la substitution non plus, le princeps peut regagner des parts de marché et le générique, qui ne vit que par les volumes, est voué à disparaître… au profit du princeps qui pourrait retrouver une situation de quasi-monopole et être en position pour négocier son prix à la hausse.
« Dès la présentation du PLFSS 2019, donc au deuxième semestre 2018, le GEMME s’est inquiété du risque de rétrécissement du marché du générique qui impacterait les industriels du générique, les pharmaciens mais aussi les patients. Le principe de la mesure part du présupposé que le patient, face à un reste à charge s’il choisit le princeps, se tournera vers le générique. Mais ce principe,pour permettre d’atteindre l’objectif initial de développement du générique, doit faire l’objet de mesures d’accompagnement pour éviter les risques collatéraux liés à la convergence ou à l’alignement des prix que pourraient pratiquer les laboratoires », explique Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du GEMME.
Quant à l’encadrement des justifications du NS, il pourrait d’une part pousser le médecin à prescrire hors répertoire pour éviter toute justification, et d’autre part renforcer la volonté d’alignement des prix des laboratoires princeps. Face à un usage plus strict de cette mention, les médicaments d’origine pourraient encore perdre des parts de marché… à moins de faire converger leur prix vers celui des génériques et ainsi supprimer toute raison de choisir leur copie.
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