DE MÉMOIRE de pharmacien, jamais l’officine n’avait vécu une telle vague de baisses de prix. Le 1er mars dernier, plus de 2 000 spécialités ont vu leurs tarifs revus à la baisse. Il ne s’agit pas d’une surprise pour autant, car l’annonce en avait été faite depuis plusieurs mois. En effet, le principe de cette diminution massive des prix figure dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2013. Certes, comme le gouvernement s’y était engagé, le texte adopté à la fin de l’année par les Parlementaires ne prévoit aucun déremboursement. Mais il met, en revanche, fortement à contribution le poste Médicaments. Avec donc, en particulier, des baisses de prix sur les produits de santé, à hauteur de 876 millions d’euros, dont plus de la moitié concerne les médicaments génériques (et leurs princeps). Appliquées par le Comité économique des produits de santé (CEPS), les baisses reposent, d’une part, sur le principe d’une convergence des prix des génériques vers les prix européens, et, d’autre part, sur celui du rapprochement des tarifs au sein de la classe des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Cette mesure, qui consiste à aligner les prix des princeps sur le plus bas de la classe, se traduira par « une perte de 35 millions d’euros de marge », calcule Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Remises en baisse.
Philippe Besset, président de la commission économie de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), estime, lui, que les baisses de prix sur les génériques n’auront pas de conséquences directes sur la marge, la rémunération du pharmacien étant fondée sur celle de la spécialité de référence selon le principe « marge générique égale marge princeps ». En revanche, s’inquiète Philippe Besset, « il y aura un impact important sur les conditions commerciales accordées aux officinaux qui, elles, sont basées sur le prix du générique ». « C’est une catastrophe pour l’économie des pharmacies qui tablent sur ces conditions commerciales pour fonctionner », explique le responsable économique de la FSPF. C’est la raison pour laquelle le syndicat demande, dans le cadre des négociations sur la rémunération entamées mardi, qu’une plus grande proportion des ressources de l’officine provienne de l’assurance-maladie. Et le paiement à la performance représente, à ses yeux, un excellent exemple dans ce domaine. Gilles Bonnefond ne dit finalement pas autre chose. Car, selon lui, pour compenser les pertes liées aux baisses de prix, « il est nécessaire d’avoir une politique générique très dynamique et un paiement à la performance qui devra être doublé cette année ». À noter que, pour 2012, la prime est estimée entre 3 500 et 4 000 euros pour une pharmacie moyenne.
Une mesure disproportionnée.
Mais déjà, certains officinaux s’inquiètent de voir de plus en plus de patients refuser le générique lorsque le princeps est au même prix, comme l’accord « tiers payant contre générique » le leur permet d’ailleurs. « Cela n’a aucune incidence sur le taux de substitution ni sur la prime car, dans ce cas, cela signifie que le groupe est soumis à un TFR », rassure Philippe Besset. Et ces groupes n’entrent pas dans le calcul des objectifs de substitution.
En attendant, les baisses pratiquées paraissent parfois élevées, jusqu’à 25 % pour les spécialités les plus vendues. Importantes, mais aussi excessives, selon l’association Gemme (« le Quotidien » du 11 mars). « L’année 2013 sera une année record en terme de baisses de prix demandées aux laboratoires de génériques », indique ainsi son président, Pascal Brière, pour qui l’ampleur des baisses sur les médicaments génériques est totalement disproportionnée. « Elle représentera, en effet, plus de 150 millions d’euros, soit une contribution au plan d’économies plus de six fois supérieure à la part des génériques dans les dépenses de santé », précise-t-il.
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