EN MATIÈRE d’OTC, seul le paracétamol est en général légèrement moins cher en Allemagne qu’en France, alors que l’Aspirine de marque est deux fois plus chère outre-Rhin, la différence atteignant presque un à trois pour l’Imodium ou l’Ibuprofène. En revanche, les prix des médicaments non remboursables étant libres en France, on observe des différences sensibles entre les pharmacies, alors que les prix allemands des OTC sont plus homogènes. Les pilules contraceptives, non remboursées en Allemagne, y sont trois fois plus chères qu’en France (Diane 35), voire six fois plus chères pour le Minidril (Microgynon en Allemagne), à conditionnement égal. La boîte de 12 comprimés de Viagra coûte par sa part, au maximum, 139 euros à Strasbourg, contre 160 à Kehl.
On retrouve des différences sensibles pour presque tous les médicaments recensés par l’étude, remboursés ou non et princeps ou non. Toutefois, plus le médicament est cher et moins la différence est élevée, comme on l’observe, par exemple, avec certains anticancéreux ou le Lucentis. À l’inverse, l’antibiotique Flammazine coûte, en France, 3,91 euros contre 21,04 euros en Allemagne. La boîte de 30 comprimés d’Atarax 25 mg passe elle aussi de 3,46 euros à 22,98 en franchissant le Rhin. L’étude a relevé aussi les prix pratiqués par les pharmacies virtuelles, interdites en France mais bien développées en Allemagne : elle montre que les prix des médicaments allemands vendus par Internet sont de toute manière plus élevés qu’en France… et ne sont pas forcément beaucoup plus intéressants que dans les officines allemandes. Les patients français n’ont en tout cas aucun intérêt à se fournir par ce biais, d’autant que certaines pharmacies virtuelles, mais pas toutes, refusent de livrer en France.
L’origine des écarts.
Selon le CEC, de nombreux facteurs expliquent toutes ces différences de prix, le premier étant que le prix du médicament a toujours été très administré en France, et quasi libre en Allemagne : cela ne fait que deux ans que les prix des nouveaux médicaments sont fixés par les autorités, même si les remboursements sont, eux, limités à des forfaits par classe thérapeutique depuis plus de vingt ans. Par ailleurs, le médicament allemand est soumis à une TVA uniforme de 19 %, qui en augmente encore le prix, contrairement bien sûr à la France. De plus, les pharmaciens sont rémunérés par un honoraire de 8,10 euros par boîte prescrite (qui passera à 8,35 euros le 1er janvier), plus une commission de 3 % : pour cette raison, il n’y a donc aucun médicament de prescription à un prix inférieur à 8,10 euros.
L’étude a été réalisée avec la coopération de plusieurs officines des deux côtés du Rhin, et a bien sûr tenu compte des différences de conditionnement qui font que les boîtes ne sont pas toujours absolument identiques, mais, même avec ces réserves, elle reste très parlante quant aux écarts de prix existants.
Des deux côtés du Rhin.
Est-ce à dire que les patients allemands ont donc massivement intérêt à se précipiter en France, pendant que « leurs » pharmacies n’ont plus qu’à baisser leur rideau ? La réalité est beaucoup plus nuancée, relèvent les auteurs de l’étude. S’il est vrai que les pharmacies alsaciennes profitent notamment des énormes différences de prix sur les pilules et sur certains OTC, cela ne signifie pas pour autant que toute la clientèle allemande se rue à Strasbourg pour faire ses achats. Les pharmacies allemandes ont de nombreux atouts, avec, souvent, des gammes de produits plus larges qu’en France, en particulier en phytothérapie, en homéopathie et dans le domaine des médecines douces et alternatives. De nombreux Alsaciens se servent d’ailleurs régulièrement à Kehl pour ces raisons, car ils y trouveraient aussi - aux dires des pharmaciens allemands interrogés - un meilleur accueil qu’en France.
Les patients allemands qui se rendent à Strasbourg sont en tout cas quasiment assurés d’y trouver des médicaments moins chers que chez eux. Toutefois, relève l’étude, ils n’ont pas l’habitude d’y comparer les prix des OTC et ignorent souvent que ceux-ci sont libres. Ils devraient donc tenir compte de ce facteur s’ils veulent réaliser les meilleures affaires… de même d’ailleurs que les Alsaciens chez eux qui, d’après le CEC, « devraient mieux faire jouer la concurrence qu’ils ne le font actuellement ».
L’étude vient d’être diffusée par le CEC aux médias allemands et français, et souhaite avant tout permettre aux patients-consommateurs des deux rives du Rhin d’optimiser leurs achats de médicaments. Complétée par un aperçu des systèmes de santé et de Sécurité sociale dans les deux pays, elle révèle aussi, au-delà des seuls prix, que de nombreuses tracasseries et complications subsistent en matière de soins et de remboursements des traitements transfrontaliers, alors même que des directives européennes sont censées avoir aplani tous ces problèmes depuis quelques années.
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