Marie-Laure Crublet est titulaire à Oye-Plage (Pas-de-Calais), et participe à une opération pluriprofessionnelle expérimentale de dépistage de la BPCO, menée par l'URPS médecins du Nord-Pas-de-Calais, avec les URPS pharmaciens, infirmiers, kiné, et l'agence de santé sur le Calaisis. Depuis le mois de juin, et jusqu'à la fin de l'année, les professionnels de santé non-médecins ont la tâche de détecter un millier de personnes, entre 40 et 75 ans, sans pathologie pulmonaire connue, afin qu'elles soient prises en charge par leur généraliste, puis par un pneumologue, si besoin est.
« Près de 70 % des cas de BPCO ne sont pas dépistés. Le faire le plus tôt possible peut éviter l'aggravation, explique Marie-Laure Crublet. Mais les malades potentiels n'aiment pas trop qu'on leur en parle, car le principal risque provient du tabagisme, et l'on se heurte à un déni : on fait quelque chose de mal pour sa santé en fumant, il existe une forme de culpabilité. Pour cela, pharmacien, infirmier, kiné ont moins un côté "sanction" que le médecin. »
La bronco pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie chronique qui affecte les bronches. Elle essouffle le malade, et lui impose à terme une oxygénation extérieure. Elle concernerait 7,5 % des plus de 40 ans, mais les données épidémiologiques sont peu nombreuses. Ses causes sont les gaz, les poussières, les fumées, c'est-à-dire des maladies professionnelles, mais surtout le tabagisme, actif ou passif. Ses symptômes sont la toux, les crachats, l'essoufflement. Le Calaisis serait fortement affecté. « Nous voyons les gens essoufflés, nous connaissons le fumeur qui vient acheter un sirop, poursuit Marie-Laure Crublet. Les infirmiers connaissent les habitudes de vie des gens chez eux. Nous avons leur proximité, et pouvons suggérer de connaître leur âge pulmonaire. »
Spiromètre miniaturisé
Le dépistage commence par une conversation sur l'exposition professionnelle, sur la toux, l'essoufflement, la consommation de tabac, même passée. Un rendez-vous a lieu dans le bureau pour remplir un questionnaire, et proposer de souffler dans un appareil. Comme les autres professionnels participant, Marie-Laure Crublet est équipée d'un spiromètre miniaturisé, qui va mesurer le volume expiré maximum à la première seconde (VEMS), puis à la sixième seconde (VEM6), et calcule le rapport du premier sur le second.
C'est banal comme une mesure d'alcoolémie du gendarme, mais pour la bonne cause ! « Il faut s'y reprendre à trois fois, parfois plus, précise notre consœur. Les gens ne sont pas habitués, et il est recommandé de sélectionner les meilleurs résultats. » Marie-Laure Crublet remplit un questionnaire avec le patient, âge, sexe, taille. Ces données permettront de déterminer l'absence d'obstruction respiratoire, l'obstruction probable, ou l'obstruction certaine, et de présenter au patient son « âge pulmonaire » (parfois différent de la réalité) pour l'aider à prendre conscience des conséquences. « Le premier objectif est de l'amener à cesser de fumer », insiste-t-elle, désolée du cas d'un de ses clients, malade avéré, mais incapable d'arrêter de fumer à seulement 36 ans.
Ateliers thérapeutiques du patient
Marie-Laure Crublet fait partie de ces pharmaciens qui ont suivi les ateliers thérapeutiques du patient. « Lors de ces formations, deux théories apparaissaient : celle qui consiste à s'approprier son traitement, et celle qui consiste à arrêter la cause, en l'occurrence le tabac. » Pour l'opération BPCO, elle avait assisté à une réunion avec un pneumologue et des médecins, ainsi qu'un psychologue, des pharmaciens, des infirmiers, des kinés. Vingt-deux professionnels ont ensuite été sélectionnés, dont huit pharmaciens, sur le Calaisis. « L'objectif est d'impliquer dans le repérage précoce les professionnels de premier recours que nous sommes, dès les premiers signes. Nous sommes au tout début de la chaîne, c'est à nous de tout faire pour convaincre le patient, déjà d'être dépisté. »
20 euros par dépistage
« Cette participation au dépistage fait partie de nos prérogatives, c'est encadré par la loi, et nous sommes rémunérés (20 euros par dépistage effectif), insiste Marie-Laure Crublet. Cela prend du temps, mais être utile me fait plaisir vis-à-vis de ma clientèle. Nous devons montrer aux médecins que nous sommes à leur côté, pour la BPCO comme auparavant pour l'hypertension. L'éducation thérapeutique doit être réelle au quotidien. »
La titulaire de Oye-Plage a visité les médecins de sa ville pour leur présenter l'opération, pour « toujours garder le lien avec les médecins. Il faut une implication importante de tous les professionnels de santé pour arriver à capter l'attention des gens » à leur propre santé !
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