La conception du vaccin anti-Covid Covifenz - ayant recours à une espèce de tabac - est originale. Et les résultats des essais de phase 3 sont honorables. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà annoncé qu’elle ne le validerait pas. La raison : Medicago, son fabricant canadien, compte parmi ses actionnaires majoritaires le groupe Philip Morris, un ponte de l’industrie du tabac.
L’entreprise canadienne Medicago se réjouit des résultats de son étude de phase 3 sur son vaccin anti-Covid Covifenz. Déjà autorisé au Canada depuis le 24 février chez les 18-64 ans, ce vaccin adjuvanté est composé de particules pseudo-virales (PPV) imitant la structure du SARS-CoV-2 extraites de plantes. « Le code génétique est transmis aux feuilles de la plante par une bactérie inoffensive, le processus cellulaire naturel de la plante est utilisé pour produire une PPV non infectieuse qui imite la protéine du spicule causant le Covid-19 », explique l’agence du médicament canadienne, Santé Canada.
Une technologie originale, associée à un adjuvant fourni par le britannique GSK, qui affiche de bons résultats. Publiés dans le « NEJM » le 4 mai, ils font état d’une efficacité de 69,5 % contre les formes symptomatiques provoquées par cinq variants (Alpha, Delta, Gamma, Lambda et Mu) et de 78,8 % contre les Covid modérés à sévères. Pourtant, Covifenz est rejeté par l’OMS.
Dans un article publié le 28 mars 2022 dans le « British Medical Journal » (BMJ), Mariangela Simao, directrice générale adjointe de l’OMS chargée de l’accès aux médicaments et aux vaccins, indique en effet que « l'OMS et l'ONU ont une politique stricte concernant l'engagement avec les industries du tabac et de l'armement ». Dès lors, la détention par le cigarettier Philip Morris d’un tiers du capital de Medicago empêche toute validation de Covifenz, aussi efficace soit-il, par l’OMS. Autrement dit, ce vaccin ne pourra pas faire partie de l’initiative Covax à destination des pays les plus pauvres.
La plante utilisée par Medicago pour produire son vaccin, Nicotiana benthamiana, est une espèce de tabac très utilisée dans la recherche en virologie végétale. Une porte d’entrée intéressante pour le groupe Philip Morris qui cherche à se diversifier dans le secteur de la santé. Une stratégie qu’il a annoncée en 2016 visant à développer des alternatives à moindre risque pour les fumeurs et à se mobiliser en faveur de l’arrêt du tabac… L’an dernier, il a ainsi racheté le laboratoire danois Fertin, spécialisé dans les substituts nicotiniques, pour 813 millions de dollars, puis le groupe britannique Vectura, spécialiste des médicaments inhalés, pour 1,2 milliard de dollars. Une diversification qui ne plaît pas aux associations antitabac, celles-ci appelant les professionnels de santé à ne pas prescrire les produits rachetés par Philip Morris s’ils ne veulent pas « enrichir Big Tobacco ».
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