Avant de dire « oui » à un médicament, il lui faut un « nom »… Ce n'est certes pas la partie le plus technique de son développement, mais la désignation des spécialités pharmaceutiques mérite tout de même l'attention de leurs concepteurs. Cette démarche a même un nom : la néologie médicamenteuse. La linguiste Pascaline Faure y a même consacré sa thèse*. Son chapitre évoquant les grandes tendances en ce domaine est comme une petite histoire de la pharmacologie. Au XIXe siècle, le médicament souvent extrait d'une plante reprend le nom de l'espèce et y accole le suffixe -ine, comme dans strychnine (Strychnos nux-vomica) ou pénicilline (pénicillium), explique-t-elle. Un peu plus tard, dans les années 1980 et 90, les comics et les films d'anticipation, qui mettent en scène des super-héros, inspirent les noms de Tahor, Crestor ou Zocor. Quant aux « pilules » contraceptives, elles adoptent bien souvent des consonances féminines (suffixe -ette) - Minulet, Harmonet ou Cerazette - ou carrément des prénoms féminins, tels Jasmine ou Leelo…
Si certains de ces choix peuvent paraître fantaisistes, donner un nom à un médicament, cela n'est pas anodin, souligne l'ANSM dans des recommandations émises en 2018 : « Le choix du nom d’un médicament peut induire des risques au moment de sa prescription, de sa dispensation ou de son administration, du fait notamment d’une confusion possible entre différents médicaments », estime l'agence. D'autant que de nombreuses spécialités sont distribuées bien au-delà des frontières du pays où ils ont vu le jour. Les spécialistes de néologie médicamenteuse définissent ainsi des permavoids, des noms ou des syllabes qui peuvent avoir du sens aux États-Unis, mais qui n'auront pas leur place sur le marché européen. Ainsi en est-il de « mist », qui a une connotation positive en anglais, mais signifie « fumier » en allemand…
Éviter les confusions, séduire sans promettre, ne pas heurter les sensibilités… La recherche du nom d'une nouvelle spécialité répond finalement assez bien au dogme « primum non nocere », cher aux soignants.
* « La néologie commerciale : l'exemple des noms de médicaments » - Sorbonne Université (CeLiSo - EA 7332)
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