Venir à bout de la pollution au plastique grâce à un minuscule enzyme ? Tel est le doux rêve auquel des chercheurs espagnols donnent aujourd'hui corps. Leurs travaux, publiés dans « Nature Communications », montrent que deux enzymes présents dans la salive des larves du papillon de nuit « Fausse teigne de la cire » (galleria mellonella) attaquent le polyéthylène en quelques heures seulement à température ambiante. La découverte est de taille car sur les 400 millions de tonnes de matières plastiques produites chaque année dans le monde, un tiers environ seraient des polyéthylènes - notamment très utilisés pour les emballages. Cette voie de recherche, comme c'est quelques fois le cas, doit tout à la sérendipité… Autrement dit, au hasard. C'est ce qu'a modestement expliqué Federica Bertocchini, du centre d'études biologiques Margarita Salas de Madrid, auteure principale de l'étude et apicultrice amateur. Elle raconte en effet avoir eu l'idée de cette recherche en nettoyant des ruches stockées pour l'hiver dont les rayons de cire avaient été colonisés par de curieuses larves. Après nettoyage, elle avait disposé les larves dans un sac en polyéthylène. Mais le plastique, c'est pas toujours fantastique… Et elle constate, seulement quelques heures plus tard, que le sachet est percé de mille trous. L'apicultrice se désole, mais la chercheuse s'interroge : « est-ce que les larves mangent le plastique ou est-on en présence d'un processus chimique ? Nous avons vérifié en laboratoire et découvert que le polyéthylène avait été oxydé », témoigne-t-elle. Ce qui est remarquable ici, précise-t-elle, est la vitesse du processus, car le fait que certaines enzymes puissent attaquer les matières plastiques est déjà documenté, mais sur de longues durées. La chercheuse, qui convient que des travaux supplémentaires seront nécessaires pour comprendre le phénomène, voit dans sa trouvaille de nombreuses applications à venir : « Les enzymes pourraient être intégrées à une solution liquide et versées sur du plastique en déchetterie. » Et, pourquoi pas, être utilisées dans nos foyers pour dégrader nos propres déchets.
Insolite
Plastiques et enzymes gloutons
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Publié le 13/10/2022
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien