Bilans biologiques thyroïdiens non justifiés, trop d’ablations de la thyroïde en cas d’hyperthyroïdie, surprescription de lévothyroxine dans les hypothyroïdies… La prise en charge des dysthyroïdies n’est pas optimale en France.
C’est pour cette raison que la Haute Autorité de santé (HAS) publie de nouvelles recommandations concernant ces pathologies fréquentes, particulièrement chez les femmes. En effet, « ce sont entre 1 % et 2 % des Français qui sont atteints d’hypothyroïdie et 0,4 % d’hyperthyroïdie », précise Dominique Le Guludec, présidente de la HAS.
Première préconisation : il faut revoir les bilans sanguins prescrits, qui intègrent trop fréquemment un dosage de la TSH et du T4 libre (voire du T3L) d’emblée, alors que le dosage de la TSH seule suffit pour poser le diagnostic.
Pour régler le problème, la HAS propose de réaliser des analyses biologiques de manière séquencée, selon un procédé appelé « en cascade » : le médecin établit une seule et même ordonnance dans laquelle il liste les différents dosages utiles, à commencer par celui de la thyréostimuline (TSH). Un seul prélèvement sanguin est réalisé, le biologiste n’enclenchant les dosages complémentaires que si le résultat de la TSH est d’emblée anormal (ou confirmé anormal après quelques semaines). « Cette modalité de prescription permet d’éviter des prises de sang répétées et inutiles pour la personne », précise Dominique Le Guludec. Ensuite, pour les patients dont le dosage de la TSH est anormal, le laboratoire d’analyse dosera la tétra-iodothyronine libre (T4L) pour distinguer une forme de dysthyroïdie avérée d’une forme fruste. Pour les hyperthyroïdies, on pourra également demander en cas de TSH anormal, un dosage des anticorps antirécepteurs de la TSH, qui permettra de poser le diagnostic de maladie de Basedow (70 % des hyperthyroïdies sont la conséquence d’une maladie de Basedow).
Côté traitement
Côté traitement, « il n’y a rien de nouveau dans les recommandations », relève Béate Barthès, présidente de l’association Vivre sans thyroïde, qui se félicite toutefois que la HAS insiste sur l’importance du dialogue médecin-patient dans la prise de décision de traiter.
Ainsi, pour les hypothyroïdies, l’instauration d’un traitement par lévothyroxine est indiquée en cas d’hypothyroïdie avérée. En, revanche, elle n’est pas systématique en cas d’hypothyroïdie fruste : « le traitement doit être discuté en prenant en compte le contexte clinique, le risque d’évoluer vers une forme avérée et le ressenti de la personne », avance la HAS.
Dans le cas des hyperthyroïdies, on ne traite en général les formes frustes (juste une surveillance avec un dosage de la TSH tous les 6 à 12 mois) Les formes avérées, qui requièrent la mise en route d’un traitement par antithyroïdiens de synthèse, ou, en cas d’échec de ce traitement, on utilise l’iode 131. En revanche, la chirurgie est aujourd’hui utilisée trop fréquemment : elle ne devrait être pratiquée qu’en dernier recours et qu’en présence d’un goitre volumineux compressif ou en cas de suspicion de malignité.