Aux États-Unis, la mifépristone - indiquée en association avec le misoprostol, dans l'IVG médicamenteuse - fait l’objet d’une saga judiciaire. D’un jour à l’autre, tout est remis en question. Ainsi, début avril, une cour fédérale du Texas décidait de suspendre l’AMM de la mifépristone pour l'ensemble du territoire américain : en dépit du consensus scientifique, elle a estimé que la molécule présentait des risques pour la santé des femmes ! Mais le 13 avril, une cour d’appel au niveau fédéral a invalidé cette décision, restreignant toutefois l’accès à la mifépristone : trois visites chez le médecin pour l'obtenir, autorisation limitée aux sept premières semaines de grossesse, interdiction d'envoyer le médicament par la poste.
Nouveau rebondissement : le même jour, le gouvernement Biden annonce qu'il va saisir la Cour suprême pour contester ces restrictions d'accès. La Cour suprême devrait trancher la question une bonne fois pour toutes. Mais dans quel sens ? Pour les démocrates au pouvoir, elle devrait lever toutes les restrictions sur la molécule. Mais, étant donné la majorité conservatrice de cette cour et ses précédentes décisions, le doute reste de mise…
De son côté, le groupe Walgreens s’est montré moins combatif : ses pharmacies recevant des ordonnances de mifépristone ne distribueront ni n'enverront par la poste le médicament dans les États où les procureurs généraux républicains ont menacé de poursuites judiciaires, y compris dans les États où l'avortement est légal, comme le Kansas. Une déclaration qui a fait bondir « UltraViolet », une association de défense du droit à l’avortement. « Dites aux pharmaciens de ne pas céder aux menaces des procureurs généraux républicains », a exhorté l’association. « Les pharmaciens le savent : la mifépristone sauve des vies », peut-on lire sur des camionnettes d’UltraViolet sillonnant Phoenix, en Arizona, lors de la conférence annuelle de l'Américan Pharmacists Association. La saga est loin d’être finie.